Chapitre 7

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TW : Crise de panique (résolue) 

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20 Avril

Un des avantages à ne pas travailler les lundi c'est de pouvoir faire mes courses le plus tranquillement du monde. Très peu de gens dans les allées, moins de bruit, ce qui contribue à rendre ce moment presque agréable. Presque parce que ça reste une tâche rébarbative, en particulier quand on est seul.

C'est bien l'un des rares cas où j'aime être accompagné. Le temps semble passer plus vite dans les rayons quand on a quelqu'un avec qui discuter. Plus pratique aussi pour aider à porter les sacs ou se séparer dans les rayons afin de rassembler les précieux éléments de la liste.

Sauf que Rémy, avec ses horaires de prof, n'est pas disponible en journée durant la semaine. Je m'entends bien avec mes collègues mais pas de là à leur proposer de venir avec moi pour ce genre de sorties. Quant à ma soeur... cela fait bien longtemps que nous n'avons plus passé de temps seul à seul. Trois ans en fait.

Tout dans ma vie me ramène à ce chiffre. Depuis la nuit des temps, il est symbole d'équilibre et de symbolique. Ce n'est pas mon cas. Il témoigne juste d'un fardeau que je porte au fur et à mesure, même si j'essaie de l'oublier.

Essayer est le mot. Tant il revient à la charge depuis l'endroit où je l'ai enterré, telle la main qui surgit d'une tombe à la fin d'un film d'horreur pour relancer l'intrigue. Il faut du temps pour panser ses plaies et ne laisser que des cicatrices. Les miennes sont gonflées, encore douloureuses. Mais tant qu'elles ne se rouvrent pas, je peux m'en sortir ma foi.

Je pousse mon caddie dans le rayon des boissons jusqu'à tomber sur les packs d'eau minérale. D'un geste, je me penche pour en prendre un et le mettre avec le reste de mes courses. Une fois la place faite, je suis prêt à en prendre un nouveau.

—Maxime !

Le nom me frappe en plein coeur tel un coup de poignard et mon rythme cardiaque s'emballe. Un poids s'abat sur ma poitrine, ma respiration se bloque, tandis qu'un désagréable frisson me secoue. Le pack d'eau m'échappe des mains et tombe à terre avec un bruit sourd.

Je ne réagis pas tout de suite à cette chute. Il n'y a que ce prénom qui compte, lancé tel un boulet de canon et qui résonne encore à mes oreilles. Quand je me rends compte que je dois avoir l'air ridicule, je m'empresse de ramasser les bouteilles. Mes mains sont secouées de tremblements, accentués par mes mouvements rapides et l'angoisse qui me prend à la gorge.

Comme s'il avait senti de la chair fraiche, le Monstre est sorti de sa tanière. Mes pensées sont aussi embrouillées que mes gestes, tandis que la boule qui me serre l'estomac grandit.

Des griffes se plantent autant dans mon esprit que dans mon corps, tant j'ai envie de me gratter partout. Mes jambes flagellent et je dois m'appuyer sur le caddie si je ne veux pas perdre l'équilibre. Le sang bat à mes tempes, de plus en plus vite, de plus en plus fort.

Maxime.

Je hais ce prénom. Je ne peux plus l'entendre. Même s'il est commun et que je ne peux pas éviter de l'entendre parfois.

Il appartient à une personne qui m'a fracassé, usé jusqu'à me laisser exsangue et seul. A lui seul, il porte des souvenirs que je veux oublier. Car son évocation me rappelle automatiquement un visage que j'aurais préféré ne jamais connaitre.

J'ai peur de regarder vers la voix. Comme si la source de mes cauchemars allait surgir dans mon champ de vision. Après tout, il est commun de croiser des gens que l'on connait si on habite dans la même ville ou ses alentours. Même quand on voudrait que ce ne soit jamais le cas.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now