Ce qu'il reste de toi

Chapitre 13

TW : Début de crise d'angoisse (résolue par le perso)

***

24 Avril

Midi a sonné et Rémy est désespérément absent. J'essaie de rester souriant et professionnel devant les clients – après tout il n'est toujours pas temps pour moi de prendre ma pause – mais intérieurement, c'est un bouillon de stress.

Pourtant, j'ai confiance en mon meilleur ami : je sais qu'il est parti chercher ce dont j'ai besoin pour ce soir. Juste que ne pas le voir arriver, avec son look de prof un peu cool, est source d'angoisse.

J'ai accepté son plan après l'avoir analysé sous tous les angles et eu la confirmation de Logan qu'il n'est pas végan. L'argument d'être en terrain connu m'a définitivement convaincu.

Malheureusement, les imprévus restent un point noir dans ce scénario presque parfait. Rémy qui n'est toujours pas là en est un.

S'il a pas le temps de t'apporter les courses ?

T'auras rien à préparer à Logan !

Pense déjà au plan de secours.

Imagine les restos sont tous plein parce qu'on est vendredi soir. Tu vas faire quoi ? Un plat de pâtes avec de la sauce chimique de supermarché ?

Je garde la tête froide. Me concentre sur les gestes que je fais cent fois par jour.

Là-dessus, j'ai du contrôle. Pas sur les gens autour de moi.

—Me revoilà ! lance Estelle en sortant de l'arrière. Tu peux aller manger, je prends le relai !

Je termine l'encaissement d'une cliente et lui souhaite une bonne journée avec un de mes plus beaux sourires.

Alors qu'intérieurement c'est la panique. Si ma collègue a terminé sa propre pause, cela signifie qu'il est bientôt l'heure pour Rémy de reprendre les cours. Dans vingt minutes précisément.

Pas qu'il ait très loin à aller entre ici et son école – cinq minutes à pieds – mais pour moi, c'est définitivement stressant.

—Parfait ! je réponds à Estelle en ôtant mon tablier. Si tu vois Rémy, tu lui dis que je suis à l'arrière, ok ? Il devait faire une petite course pour moi.

Ici, tout le monde connait mon meilleur ami qui est déjà venu régulièrement. À part Logan évidemment, qui m'a juste entendu parler de lui.

—T'inquiète ! File te sustenter, on dirait que tu vas t'effondrer ou que t'es en hypoglycémie.

Je décoche un sourire qui se veut rassurant. En réalité, ce n'est pas la faim qui me donne une mine pareille, mais bien l'angoisse. Après, elle est encore gérable en ce moment. Je sais que dès que Rémy arrivera, tout ira bien mieux.

Encore faut-il qu'il se pointe.

Mon premier réflexe quand je vais aux vestiaires, c'est de checker mon téléphone. Comme un cruel rappel du destin, l'écran est vide de toute notification. De Rémy comme de Logan.

Ce dernier me surprend moins : après tout nous allons passer la soirée ensemble. Pour le premier par contre...

L'angoisse se fraye un passage de plus en plus profond dans mon système. Elle s'infiltre, tel un poison qui se diffuse et me ronge de l'intérieur. Des morsures régulières, mesquines et que je sens comme des milliers d'aiguilles sous la peau.

Je ne dois pas me laisser déborder.

Non.

Je ne me laisserai pas déborder.