Chapitre 32

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TW : Symptômes dépressif (apathie, profonde tristesse, manque d'hygiène et angoisses)

TCA (personnage principal parle qu'il mange peu à cause de ses symptômes dépressifs)

***

22 Mai

Les jours et les heures passent dans ce qu'il semble être une boucle temporelle. Tout se répète à l'infini, entre les moments où je peux à peine sortir de mon lit et ceux où je me traine pour remplir des besoins naturels.

Je n'ai pas ôté mon pyjama depuis le soir où je l'ai mis. Ne me souviens même plus de ma dernière douche. Je crois que j'ai mangé quelques biscottes hier soir. Ou alors c'était à midi.

La seule chose que je sais, c'est que la douleur dans ma poitrine ne diminue pas. Si je ferme les yeux et que je m'endors, je rêve de Logan. Parfois, je me dis qu'il va ouvrir la porte de ma chambre ou celle de la salle de bain. Son immense sourire aux lèvres pour se glisser sous les draps avec moi.

Ce n'est évidemment pas le cas. Mes draps sont aussi gelés que la chose morte et flétrie qui me sert de cœur.

Mon appartement est un mausolée silencieux. Mon purgatoire pour avoir tout gâché. Je ne suis qu'un désastre ambulant. Tout est pourri autour de moi, autant que je le suis.

Dans ce monde grisâtre et morne, un bruit vient briser ce morbide silence. Impossible que ce soit mon téléphone, il est éteint et quelque part dans l'appartement. Je ne sais même plus où je l'ai posé. Sans doute est-ce pour le mieux que d'espionner ce que fait Logan.

Il s'amuse bien mieux sans toi.

À nouveau une sonnerie. L'interphone. Le facteur ? Il n'a qu'à déposer un avis de passage. Même si je me demande ce que j'ai pu commander. Je ne sais plus, peut-être du matériel ? À l'époque où je savais encore dessiner autre choses que la noirceur qui teinte mon âme.

Cet interphone ne s'arrête pas. Je finis par sortir de mon lit, la tête douloureuse et le pas alourdi. C'est avec un léger vertige que quitte ma chambre, pour ensuite aller à cet foutu interphone.

Que ce facteur aille au diable.

—C'est pour quoi ? je demande un peu sec.

Pour que tu m'ouvres la porte. Et t'as intérêt à le faire, sinon je te jure que je te scalpe.

Je reconnaitrais la voix de Rémy entre mille. Surtout quand il s'énerve. Il le fait si peu que les intonations me marquent. En particulier avec tout ce qu'il s'est passé avec Maxime.

Ou quand il est vraiment inquiet pour moi.

Je réalise qu'éteindre mon portable ne m'a pas coupé que de Logan. Mais aussi de mon meilleur ami, ce pilier. Qui, au vu de ses menaces, son ton et sa visite impromptue, doit avoir essayé de me contacter. En vain.

Dans mon état d'apathie, la culpabilité survient. Au moins, c'est une douleur un peu différente que celle qui me déchire depuis des jours.

J'appuie sur le bouton d'ouverture de la porte de mon immeuble. Ma réponse à Rémy se perd dans le vide, il est déjà en train de monter.

Ou plutôt a couru pour venir jusqu'à moi car la sonnette se déclenche à peine quelques instants plus tard. À peine ai-je le temps de lui ouvrir qu'il déboule dans mon vestibule et se met à m'engueuler une fois la porte fermée :

—Putain Hugo mais qu'est-ce qui t'as pris ? J'essaie de te joindre depuis mardi ! Je pensais que t'étais occupé mais là, y a Estelle et Charles qui ont essayé de me contacter pour me demander de tes nouvelles parce que tu viens plus bosser. Même ta mère bordel. Tu te rends compte que t'as failli avoir un vrai défilé chez toi aujourd'hui ? Y en a qui ont failli appeler les hôpitaux ou la police. Qu'est-ce qui te prends bordel ? Et pourquoi t'as éteint ton téléphone ?

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now