Ce qu'il reste de toi

Chapitre 28

TW : Consommation d'alcool - Tabac 

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10 Mai

Le repas chez mes parents est un interminable supplice. Je ne saurais pas dire s'il s'agit d'un effet lié à la fête des mères, ou si c'est juste parce que Logan ne répond pas à mes messages.

Dire qu'hier encore il me disait que je pouvais le texter si je m'ennuyais. Même ce matin, avant qu'on ne parte de chez moi, il me l'a répété.

Trois heures que j'attends en vain. Ce n'est pas faute d'essayer de me mêler aux diverses conversations qui prennent place entre Mohammed et mon père, ou Aurore et ma mère.

Je suis un étranger dans ma propre famille. Obsédé par un gars qui joue la carte de la distance. Tout allait bien hier soir et ce matin. Mais à nouveau, dès qu'il est loin de moi, le manque est mordant.

C'est toujours dans ces instants-là que le doute m'assaille. Encore pire maintenant que je sais qu'il voit d'autres gens.

J'ai beau me raisonner, qu'au final nous passons beaucoup de temps ensemble, impossible de ne pas éprouver cette angoisse qu'il finisse par me lâcher. Là, je l'imagine en train de flirter avec Maëva ou un tas d'autres mecs de Grindr.

C'est plus que malsain. Je sais que je ne devrais pas le faire. Il est essentiel que je dompte cette jalousie qui me dévore les entrailles et l'esprit.

Dites à un alcoolique qu'il ne peut plus boire et admirez le résultat. Je ne dois pas être bien loin.

Nous en sommes au dessert. Plus que le café et j'assisterai enfin à cette délivrance tant attendue. Je pourrai rentrer chez moi et dessiner jusqu'à me perdre et oublier le temps.

Oublier que Logan reste silencieux.

Où sont ces moments où nous parlions sans cesse ? Où tout était si simple, qu'il m'appelait des heures et prenait de mes nouvelles.

Je déteste l'érosion des relations. Une des raisons pour lesquelles je me mure derrière une paroi indestructible. Je devrais me contenter de Rémy qui, même s'il ne me parle pas tous les jours, me prouve – sans que je le lui demande – que je compte à ses yeux.

Je pense que c'est la seule personne qui ne me décevra jamais.

—Ma tarte n'est pas bonne ?

Je me tourne vers ma mère qui me regarde avec une forme d'inquiétude. Fait assez rare pour être souligné. D'ailleurs, elle ne m'a adressé aucune remarque désobligeante aujourd'hui.

Pour une fois, je réfrène un peu mon énervement. Elle n'en est pas responsable.

—Bien sûr que si, je réponds en avalant une généreuse bouchée.

—Tu es sûr ? Tu m'as l'air fatigué et un peu absent.

Elle a raison sur ces deux points. La nuit fut agitée aux côtés de Logan – niveau sexe et parce qu'il prend toute la place dans le lit – et je suis préoccupé par lui.

Hors de question de dire ça à ma mère bien entendu. Je refuse de lui présenter un gars sans être certain qu'il en vaille la peine.

Ou devrais-je dire : sans être sûr qu'il veut s'engager et est sérieux quand il le dit.

Pas Maxime quoi.

—Semaine de fou au boulot, je dis. Et je suis en train de réfléchir à... euh... un truc. Rien de grave.