Chapitre 22

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28 Avril

—Alors, comme ça on dessine le petit nouveau ?

Je me tourne vers Estelle une fois que le verre que j'essuyais est posé avec les autres. Aucune idée de pourquoi elle me lance ça d'un coup d'un seul.

Ni comment elle le sait par ailleurs.

—Effectivement, j'ai fait des portraits de Logan, je réponds en réarrangeant la vaisselle. Mais comment t'es au courant ?

—Parce qu'il t'as identifié !

—Hein ?

Elle me dégaine son téléphone et me le mets sous le nez, ouvert sur Facebook. Je suis surpris de constater que Logan a changé sa photo de profil par le portrait que j'ai fait de lui lorsqu'il regardait par la fenêtre.

« Merci à mon cher Hugo pour ce dessin de moi. J'ai l'air beau pour une fois. » peut-on lire comme description. J'en sourirais presque comme le dernier des imbéciles si je n'étais pas face à Estelle.

Cette dernière me regarde avec les sourcils levés de la meuf qui attend les potins croustillants. Il est nécessaire que je calme ses ardeurs. Même si intérieurement, mon coeur est gonflé de joie.

Si j'avais encore des doutes persistants ce matin sur le fait que Logan ait été sincère avec moi, ils viennent de s'évaporer.

—On s'est vus ce week-end, je réponds. On a bien accroché, il est sympa, donc on peut dire qu'on est potes.

—Potes hein ?

Vu son regard appuyé et le ton employé, elle n'y croit pas une seconde. Elle n'a pas tort, certes, mais je préfère éviter que ça se sache au boulot. J'ai besoin de garder ça le plus privé possible, pour moi comme pour Logan.

D'expérience, je sais qu'il vaut mieux éviter d'en dire trop. Des flashs de Maxime m'arrivent en tête et je les écarte tout aussi vite.

Encore une fois, Logan n'est pas Maxime mais je vais éviter de tenter le diable sur ce point.

—Potes oui, je répète avec une insistance sur le terme. Peut-être même amis si on continue sur cette lancée.

Voire petits amis. Mais ça, je ne le dis pas. Surtout, je garde le visage le plus neutre possible. Ce qui dans mon cas n'est pas si compliqué : j'ai tellement caché mon anxiété et mes troubles mentaux que je suis capable de garder une expression de façade.

Alors qu'intérieurement, c'est parfois le maelström émotionnel.

—Hum. Et tu fais souvent des dessins de tes potes comme ça ?

Soit je n'ai pas été suffisamment convaincant, soit Estelle est déterminée à me caser avec Logan. Je penche pour la seconde option.

—Ça m'arrive en effet.

—Pourquoi est-ce que moi je n'y ai pas droit ?

Je manque d'éclater de rire. Je me retiens parce que j'essaie de me concentrer sur une facture et le contenu du livre de caisse.

—T'es jalouse que je ne t'ai pas dessinée ? je demande avec un petit sourire.

Ma collègue s'empourpre avant de me donner un coup avec son essuie.

—N'importe quoi !

—Ou alors, c'est parce que je traine avec Logan c'est ça ? T'aurais voulu, toi, avoir le coup ?

Elle a une mine dégoutée avant de rouler des yeux.

—Surement pas. Ce gars est bien souriant mais physiquement, il est trop frêle. J'ai besoin de muscles. Et puis, je le trouve... faux. À quel moment tu peux être aussi positif tout le temps ? C'est typiquement le gars qui, pendant une dispute, va te retourner le cerveau et te faire croire que c'est toi le problème.

Ce qu'il reste de toiDonde viven las historias. Descúbrelo ahora