Ce qu'il reste de toi

Chapitre 27

9 Mai

Ma pause de midi est un véritable bonheur après le rush global dans lequel baigne cette journée. Beaucoup de monde aujourd'hui, principalement des filles et fils avec leurs mères. Vu que nous sommes fermés le dimanche, certains ont été prévoyants.

Ce qui nous rajoute du boulot mais l'ambiance est encore meilleure que d'habitude. Tant de sourires et de joie contagieuse. Mon coeur est léger, mon humeur aussi et je réalise que cela fait un certain temps que cela ne m'étais plus arrivé.

Dernièrement, mon quotidien était marqué par mes angoisses et le stress. Tout s'est toujours réglé au final, mais avant cela, la tornade d'émotions négatives m'a épuisé. Fort heureusement, le calme savoureux qui finit par s'ensuivre vaut ces instants.

Assis face à moi, il y a la cause de mon bonheur et mes tourments à la fois. Il est plongé dans la lecture d'un article pour son mémoire sur son téléphone, tout en mangeant un restant du riz au curry que j'ai préparé hier soir.

Lorsque Logan est concentré sur quelque chose, il y a un quelque chose de particulier dans son doux visage. Le noisette de ses yeux ressort plus et le léger plissement de ses lèvres lui confère un air intellectuel que je trouve plutôt sexy.

En tout cas, je pourrais l'observer à la dérobée comme cela pendant un certain temps. Même si le moment que je préfère, c'est lorsqu'il remarque que je le fixe. Son sourire s'étire sur un coin, comme s'il flirtait avec moi.

J'aime ces petits moments où on est encore un peu dans une phase de séduction. Se sentir désiré dépasse de beaucoup pas mal de sentiments. Pas celui d'être aimé, mais pas loin.

—Tu trouves ce qu'il te faut ? je lui demande quand je le vois verrouiller l'écran de son portable.

—Plus ou moins. Je suis vraiment à la bourre, j'ai genre que l'intro et le premier chapitre. C'est tellement la merde.

—Que ça ? Mais... tu dois le rendre quand ?

—Alors, pour ma défense, j'ai un promoteur de mémoire qui répond pratiquement pas à mes mails. Donc je suis grave dans le flou. Et sinon, première version à rendre pour vendredi prochain avant minuit. Et la version définitive pour début juin. Le cinq si je me trompe pas.

Il me dit ça avec un certain calme et le sourire. À sa place, j'aurais commencé à paniquer sévère. Il y a trois ans, je me rendais malade alors qu'il ne me restait qu'un chapitre et demi à boucler.

Pour tout plaquer fin mai tellement t'étais une loque.

—Et tu vas arriver à avancer en une semaine ?

—Pas trop le choix ! Mais en vrai, ça devrait le faire. Je boirai du café. Beaucoup de café.

—Tu vas choper un bon ulcère surtout.

Il secoue la tête, les yeux levés au ciel.

—Oui papa, je ferai attention. Promis.

—Hey, je dis ça pour ta santé moi !

—T'es vraiment mignon. Et trop gentil aussi.

Tu crois pas si bien dire.

Je suis prêt à prendre une balle par amour pour quelqu'un. Appelons ça de la loyauté ou de la naïveté, au choix.

Je penche plus pour la seconde option.

—Du coup, la semaine à venir va être tendax pour toi.

—Ouais. Jusque vendredi, je vais être un vrai moine. D'ailleurs, pour te prévenir parce que je sais que t'es anxieux : si je réponds pas beaucoup voire pas, c'est normal. D'accord ?