Chapitre 30

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16 Mai

Je ne sais pas s'il existe un mot plus fort que la souffrance. Si tel est le cas, il serait parfait pour qualifier chaque réponse tardive de Logan ces derniers jours.

J'ai l'impression qu'il se fiche de moi à chaque fois qu'il me dit à quel point son mémoire lui prend la tête. Je ne peux empêcher le Monstre de se jeter contre les barreaux de sa cage.

De voir Maëva. Imaginer que Logan lui parle quand il ne me répond pas. Surtout depuis cette story de mercredi soir...

La honte m'habite d'être bouffé à ce point par la jalousie. Je voudrais me mettre la tête dans un mur si fort que j'en serais sonné. Cela me remettra peut-être les idées en place.

Me rendrait normal.

La vérité, c'est que je suis terrorisé. Les souvenirs de Maxime, d'où j'en étais il y a trois ans, ne cessent de me revenir en tête. J'en ai fait des cauchemars violents. Si bien que je dors peu pour éviter d'en avoir.

Ma peau est irritée au niveau des poignets à force de me gratter. Mes yeux cernés à cause du manque de sommeil. Des brûlures d'estomac alors que j'attends de savoir si Logan va me répondre pour aujourd'hui.

« Je te dirai quoi » hier soir quand je le lui ai demandé. Toujours cette même rengaine. Laconique.

Je ne la supporte plus. Est-ce que Maëva y a droit ? Ou est-ce qu'il s'empresse de lui répondre lorsqu'elle vient parler ?

Je la déteste et lui avec. Parfois seulement. Avant de me sentir mal pour oser avoir de telles pensées.

Je pense que je me déteste plus que n'importe qui d'autre. À cause de toute cette noirceur en moi. De mes angoisses. De cette boucle infernale que je ne parviens pas à briser.

Mes quelques derniers dessins sont emplis de chaines, de tourbillons et d'ombres. Le reflet de mon intériorité. Je ne les aime pas. Alors je ne dessine plus pour le moment.

Je me contente de faire les cents pas dans mon appartement. Au boulot, je fais tout pour éviter de regarder mon téléphone.

Sauf en sortant. Pour y voir le message tant attendu de Logan. Un qui devrait me faire bondir de joie :

Logan : Dis-moi quand t'es rentré, je me mettrai en route pour chez toi :)

Sur le chemin du retour, je ressasse tout ce qu'il se passe. Ulysse avait raison la dernière fois : je dois tout avouer. Essayer de trouver les bons mots pour que Logan comprenne.

Tout me parait si mélodramatique. Chaque issue dans mes scénarios mentaux est pire que la précédente.

Est-ce que parler avec mon coeur va régler miraculeusement tous ces soucis ? Est-on voués à l'échec Logan et moi ? Tant de questions sans réponses. Ou plutôt, auxquelles mon esprit ne cesse d'y répondre que par un pessimisme des plus forts.

Je dis à Logan de venir alors même que je ne suis pas encore arrivé. J'anticipe déjà pour qu'il vienne un peu plus tôt. Au cas où il ne verrait pas tout de suite mon message.

Parce qu'il parle à Maëva.

Ou qu'il couche avec. Là. Tout de suite.

Je dois arrêter de penser à ça. Rien de pire que d'avoir ce genre de film qui défile.

Je suis la main qui tient le couteau qui me blesse. Tout comme celle qui sabote tout.

Mon intuition est erronée : il répond qu'il se met en route. Je pense que nous arriverons en même temps. Ce qui réduit les minutes qui me sont allouées pour établir une idée de ce que je veux lui dire.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now