Chapitre 21

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27 Avril

Le poids que je ressens sur la poitrine n'est pas dû au corps de Logan sur le mien aujourd'hui.

Non. C'est bien le Monstre qui a labouré mon esprit toute la soirée et une bonne partie de la nuit. Toujours là, y compris alors que je m'éveille de quelques heures de sommeil volées.

J'ai dormi par intermittence dans l'attente d'une réponse. Qui n'est jamais venue. Encore moins la sonnerie de l'appel tant attendu.

Au début, je ne réalise pas tout de suite que je suis toujours sous son emprise. Après tout, j'ouvre à peine les yeux. Il faut que mon corps se remette en route.

Mais une fois la conscience tirée des dernières brumes de l'assoupissement ? Mon estomac est à nouveau noué, ma respiration difficile et un malaise certain pèse sur mes épaules et en moi.

Logan n'a pas répondu de toute la soirée, y compris après mon message. Et le second, où j'ai un peu laissé éclater mon inquiétude en demandant s'il allait bien, est resté tout aussi silencieux.

Cela a suffit à ce que j'atteigne les limites de la vrille totale. Certes, la panique m'a saisi mais j'ai réussi à garder un peu de raison dans toute cette disharmonie.

J'ai bien envie de considérer ça comme une victoire, mais j'ai plus honte qu'autre chose. Une honte sur moi de m'être comporté de façon aussi absurde. Mais également d'avoir cru qu'il suffisait de passer quelques jours avec un gars pour que ça signifie autre chose.

Bien sûr que nous ne sommes pas un couple. Ni que je suis irrévocablement amoureux. Déjà attaché ? Oui, évidemment.

Mais je sais que je me suis emballé pour... rien. J'ai ouvert la porte en grand au lieu de me protéger. Au moins encore un peu. Je n'ai, en fait, pas appris de mes erreurs.

Un mec avec ses belles paroles, un sourire ravageur et un brin de gentillesse ? Ça y est, je suis tombé dans le piège tel le pire des débutants.

Au moins, c'est un rappel de garder mes distances. Reconstruire mes murs. Tant qu'il n'est pas trop tard.

Mais rien que de penser au fait que je ne vais plus parler à Logan, je me sens beaucoup trop mal. Des tiraillements dans la poitrine et le coeur, que je trouve profondément insupportables.

Pourquoi est-ce que je m'accroche à lui comme une moule sur un rocher ? Je peux rencontrer plein de gars aussi chouette que lui, sans l'ombre d'un doute.

C'est pour ça que t'as attendu trois ans ?

Tu trouveras personne d'autre.

Retourne avec Maxime, ça ira plus vite.

Je voudrais enfouir ma tête sous l'oreiller. Limite jusqu'à m'étouffer. Mais ces pensées sont dans ma tête. À moins d'y mettre une perceuse et de répandre ma cervelle, elles ne s'arrêteront pas.

Ou alors en prenant des médocs. Ce que je ne veux pas faire.

Je dois juste attendre que ça passe. Faire mes techniques habituelles de relaxation si je veux espérer une journée plutôt normale. Surtout que, de ce que je vois à travers mes stores, le soleil est encore au rendez-vous aujourd'hui.

Ce sera parfait pour ce jour de repos. Je pourrais aller me promener et dessiner au parc. Ça me fera le plus grand bien et m'ôtera Logan de la tête.

Je l'espère du moins.

Je crois que le pire, c'est ce sentiment de déception qui m'habite. Je pourrais presque le sentir sur ma langue, amer. Mon corps et mon esprit sont déjà couturés de cicatrices, j'aurais tant voulu ne pas en ajouter de nouvelles.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now