EPILOGUE

269 27 8
                                    

9 AVRIL - 10 MOIS PLUS TARD

Aujourd'hui est un jour où je ne peux pas m'empêcher de sourire. Pas seulement car il fait un temps superbe – ce qui est déjà une excellente raison en soit – mais plutôt car le projet que je prépare depuis des mois va enfin se concrétiser.

Ce n'est pas grand-chose pour certains, mais pour moi qui avais parfois du mal à anticiper la journée du lendemain, cela signifie énormément. Depuis janvier dernier, j'ai tout mis en œuvre pour que tout soit parfait le jour-J : à savoir aujourd'hui.

Je suis paré à toute éventualité, tout est installé. Aucun stress à avoir, je peux juste profiter de l'instant. Pas trop tout de même car je me dois d'être présent pour les gens qui viendront ce soir et les prochains jours mais je suis excité comme une puce.

Dire que cela venait d'une simple suggestion de Rémy lancée à la volée de base. Mais les circonstances ont fait que tout a concordé pour que cette idée se plante et germe dans ma tête. Lorsque l'occasion s'est présentée, j'ai fait toutes les démarches nécessaires pour mener à bien mon plan.

J'ai vaincu ma peur de l'administratif, du jugement des autres et de ma capacité à imaginer le pire pour me lancer corps et âme dans ce projet.

Ce soir, c'est la consécration de plusieurs mois de travail et de planification. Une opportunité en or qui se concrétise enfin. Beaucoup de stress, mais j'ai vécu trop longtemps dans les regrets et la peur.

Je me regarde dans le miroir. Ma chemise noire souligne ma stature, mon noeud-papillon rayé ajoute une touche classe avec mon jean sombre et mes chaussures cirées. J'aurais pu aller sur un look plus casual mais j'avais envie de me faire tout beau.

Parce que ce soir, j'expose mes dessins dans une galerie ouverte aux artistes de Charleroi et ses environs. C'est via un client du Fox que j'ai eu le tuyau vu qu'il préparait sa propre expo et souhaitait en faire de la pub.

Chaque semaine, un nouvel artiste mis à l'honneur.

Cette fois, c'est à mon tour. 

***

—Ça ne désemplit pas ! me glisse Rémy alors que que je remercie un couple de cinquantenaire d'être venus.

Il porte dans ses mains un plateau avec plusieurs verres d'apéritif qu'il distribue à chaque visiteur. C'est lui qui a tenu à le faire, pour que je profite « d'être la star » comme il dit. J'ai protesté évidemment, il a déjà tant fait pour m'aider à tout mettre en place, mais il reste Rémy : têtu comme une mule et toujours là pour moi.

—En effet, je réponds. C'est... surprenant. Et agréable.

Il fronce les sourcils derrière ses lunettes.

—Ne me regarde pas comme ça ! je proteste. Il aurait pu n'y avoir que les gens que je connais et pas les curieux !

—En même temps, t'as vu les super affiches de Marie ?

La fierté s'entend dans sa voix. Marie est sa petite amie depuis Novembre. Elle est adorable et ils vont si bien ensemble. Infographiste et Community Manager à la fois, elle s'est proposée pour me faire cartes de visite, tracts, publications sur les réseaux et une pub d'enfer.

Sans eux deux, j'aurais eu un peu plus de mal à tout mettre en place. Heureusement que je suis bien entouré.

—D'ailleurs, je ne l'ai pas encore vue !

—Elle va arriver, elle avait un truc à terminer au boulot. Je crois que les autres ne devraient pas tarder non plus.

Je souris. J'ai revu quelques fois notre groupe de copain de la fac. Renouer avec eux a été bizarre au début, mais nous avons fini par reprendre nos marques. Eric et Charlotte m'ont d'ailleurs invité pour leur mariage cet été.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now