✿Chapitre 5✿

2.1K 261 192
                                    

Il était arrivé tôt, le mardi. Son chauffeur avait été surpris de sa demande, le matin, habitué à l'emmener pile à l'heure. Ils n'avaient même pas été pris dans les bouchons matinaux. La route jusqu'au lycée avait alors été des plus rapides et il avait été l'un des premiers à franchir les grandes grilles noires. Les surveillants, un gobelet rempli de café noir dans les mains, l'avaient regardé avec de grands yeux, peu habitués à le voir aussi tôt. Il avait marché tranquillement dans les couloirs vides, avait croisé des classes inhabitées et était arrivé, pour la première fois de sa vie, dans sa salle de classe totalement seul.

Il s'était assis à sa chaise, avait déposé son sac sur le sol et avait plongé sa tête contre sa main surélevée. Son regard s'était alors perdu dans la splendeur de l'extérieur. Il ne se sentait pas morose ni fatigué malgré le peu d'heures qui avaient composées son sommeil agité. Son ventre, par contre, grondait déjà comme mille tonnerres dans l'espace vide, réclamant la nourriture dont il avait été privé à cause du régime de sa mère.

Avec un soupir qui aurait pu être inaudible s'il avait été accompagné par les discussions de ses camarades pour le moment absents Minho sortit plusieurs cahiers différents. Il en ouvrit un à la page d'un exercice incomplet. Il avait tenté de le faire la veille au soir, juste après son cours particulier avec Han Jisung, mais il avait été dans l'incapacité à se concentrer. Chaque fois qu'il posait la pointe taillée de son crayon sur le papier, il réentendait les paroles du garçon qui l'enrageait.

'Tu le comprendras quand tu seras un peu plus intelligent.'

Il serra les dents. Ce qu'il s'était passé ne lui avait pas plu, pas plu du tout. Il n'aimait pas la position de puissance qu'avait pris le garçon et aurait aimé pouvoir le faire tomber de son estrade. Mais, au fond de lui, derrière la surface glacée que son père lui avait appris à porter toute sa vie, il savait. Minho savait que ce qu'il avait dit n'était pas bon, que ce n'était pas lui. Il l'avait su à la seconde où les mots avaient franchi ses lèvres. C'étaient les mots de son père, ceux qu'il avait entendu encore et encore pendant des années. Ceux qui avaient fini par sonner vrai dans son oreille et qu'il avait commencé à répéter à son tour, car cela faisait sourire son père et rire ses amis.

Minho ne les avait jamais compris, il le savait. Mais il les suivait encore et encore, même lorsque cela ne paraissait pas bon. Jamais, de toute sa vie, il n'avait pensé que quelqu'un pourrait avoir une autre vision que celle qu'on lui avait montré. Il s'était senti seul et étrange en ne comprenant pas sa famille et ses amis.

Les mots de Jisung, qui ne faisaient que résonnés dans son esprit, lui prouvaient le contraire. Le noiraud se serait surement senti rassuré si cela n'avait pas été de Han Jisung. Pourquoi la personne qui lui montrait qu'il n'était pas simplement quelqu'un d'étrange était-elle celle qu'il détestait le plus ?

Seul, dans la salle de classe vide, il secoua violemment sa tête. Minho était perdu, encore plus qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie. Il avait l'impression d'être de nouveau le petit garçon seul à dans la cour de récréation. Un petit garçon qui n'attendait qu'une main tendue pour se lever et jouer à son tour. Mais cette main, il l'avait eue. Ses deux meilleurs amis la lui avaient tendue et il ne pouvait pas se retrouver perdu par des mots qu'ils pensaient faux. Car entre Han Jisung et ses amis, ce n'était certainement pas Han Jisung qu'il devait écouter.

Bien au contraire, se dit-il en se redressant. Il détestait ce garçon. Il n'aimait pas son comportement ni ses sourires. Il était tout ce que son père lui avait interdit de devenir, tout ce que sa famille exécrait. Alors si Jisung lui montrait que ses pensées étaient fausses, c'était qu'elles ne l'étaient pas. Pas vrai ?

Il tenta, de nouveau, d'oublier ses pensées. Il réfléchissait bien trop. Il se reconcentra du mieux qu'il le pu sur ses cours jusqu'à l'arrivée de ses amis qui le regardèrent, surpris de sa présence. Il sentit de nouveau le regard pesant de Felix sur lui. Il allait finir par jurer que le garçon pouvait lire dans son esprit si à chaque fois qu'il faisait le contraire de ses pensées il le regardait. Ses deux meilleurs amis ne semblèrent rien remarquer et commencèrent à discuter joyeusement des jeunes filles avec qui ils sortaient, entraînement Minho dans leurs paroles.

How To Love ✧ MINSUNGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant