Chapitre 8

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Ce soir-là, il s'était informé auprès de sa mère afin de connaître l'avancée des démarches administratives. Il semblerait que changer d'école en milieu d'année n'était pas recommandé. Son dossier avait malgré tout été traité par plusieurs établissements et d'ici la fin du mois, il pourrait sûrement disparaître à tout jamais.

Le lendemain, il s'installa à son bureau prêt à travailler sur son projet. La plupart des élèves étaient déjà en équipe et parlaient avec entrain. Malheur à lui, Mika vint s'asseoir à ses côtés. En alerte, tous les muscles de Thomas se contractèrent.

''Je peux savoir pourquoi tu as demandé à la prof de ne pas être en équipe avec moi, Tommy ?''

Sa respiration s'accéléra et il fit tout son possible pour fixer le tableau face à lui plutôt que de tomber dans le regard dénué d'émotions de son voisin.

''Parce que tu... tu...'' tenta-t-il, les mains tremblantes.

''Fini tes phrases, pétasse. J'ai pas que ça à faire.''

Thomas déglutit et renifla. Le mot "pétasse" se répétait en boucle dans sa tête. Dans les vestiaires, il le lui avait lancé à la figure. Après le viol, c'était ainsi qu'il l'avait appelé. Et puis, ne lui avait-il pas promis de recommencer ?

''Tommy, je te parle.'' dit-il d'une voix plus forte.

''Ne me fait pas de mal.'' supplia-t-il en serrant les poings sous son bureau, martyrisant le tissu de son jean.

''Pourquoi je te ferai du mal Tommy ? Je t'ai posé une question. Pourquoi as-tu demandé à la prof de ne pas être en équipe avec moi ?''

"Parce que je te déteste.'' répondit Thomas dans un souffle d'honnêteté.

''Vraiment ? demanda-t-il, surpris. Je croyais qu'on s'entendait bien. Qu'est-ce que j'ai fait de travers, cette fois ? Je t'ai offert des cadeaux, je te donne un surnom, on a fait l'amour... On devrait être ami, non ?''

C'était quoi cette façon de penser totalement grotesque ?! Le brun lui lança un regard courroucé, se demandant si le châtain ne se moquait pas purement de lui.


''Mika... je te déteste. Tu m'as... tu m'as violé et...'' répondit-il d'une voix faible.

''Suffit, Tommy. C'est ridicule. Je ne t'ai pas violé. Nous avons fait l'amour.'' rétorqua le châtain.

Thomas serra les dents. Ne parlait-il pas un peu trop fort ? Est-ce que les autres l'avait entendu ? Il ficha son regard dans celui de Mika qui l'observait le plus naturellement du monde, comme s'ils parlaient du menu du jour.

''Qu'est-ce que tu comprends pas quand je te dis que... que je ne voulais pas ?! chuchota-t-il furieusement. Tu es un malade Mika ! Un... un fou, un sociopathe, un... Ne t'approche plus de moi !''

De son visage blasé, Mika continua de le fixer comme s'il recherchait une faille dans son discours. Puis, il haussa les épaules avant de venir s'accouder contre le pupitre.

''Oui, je sais tout ça. Ma psychiatre m'a déjà prévenu que j'étais un sociopathe. Mais ça ne m'explique pas pourquoi tu me détestes. Je suis beau et intelligent. Tout le monde m'aime, pourquoi pas toi ?''

Pardon ?! Avait-il bien entendu ? Parlait-il sérieusement ? S'il voyait une psychiatre, son cas était pire que ce qu'il pensait. Soudain, une main vint se déposer sur sa cuisse et Thomas se mit à perdre le fil de ses pensées. Il n'y avait plus rien dans son esprit hormis un sentiment d'urgence, d'alerte immédiate.

''Donne-moi une semaine.'' dit son camarade.

Incapable d'avoir une pensée plus cohérente qu'une autre dans un corps en panique, Thomas glissa sa main vers son crayon. Il avait besoin d'une arme et vite ! Pour distraire Mika, il lui répondit d'une toute petite voix :

''Quoi ?''

''Donne-moi une semaine et je te garantis que tu vas m'aimer. On fera tout ce que tu veux. Des activités de couple comme ce que tu avais dit dans les vestiaires.Et si je ne réussi pas, alors j'arrête.''

Thomas referma sa main sur son crayon et vint le planter dans le ventre de Mika qui avait dangereusement glissé sa main sur sa cuisse pour se rapprocher. La mine du crayon s'enfonça dans son ventre, mais n'eut pas de réelle impact. Mika sembla surpris avant qu'un petit rire ne s'échappe de ses lèvres.

''Tommy, que fais-tu ? Mon marché ne t'intéresse pas ?''

Thomas prit une grande respiration pour regrouper tout son courage et défia l'adolescent du regard.

''Je te déteste ! Je ne t'aimerais jamais. Tu vas supprimer les photos que tu as de moi et ne plus jamais t'approcher de ma personne.''

Il osa même un petit sourire, se rendant compte qu'il avait réussit à dire tout ce qu'il voulait sans bégayer. Ce fut de courte durée, car Mika agrippa sa main et la lui tordit jusqu'à ce qu'il lâche le crayon sous la douleur. Pourquoi devait-il être si faible ?

''Tommy, tu es pathétique, mais j'accepte. Si à la fin de la semaine, je n'ai pas réussi à te convaincre de m'aimer, je te laisse tranquille et je supprime presque toutes les photos.''

''Toutes !'' protesta le brun en réfrénant les larmes qui montaient lentement.

''Ce sont mes photos, Tommy.''

''De moi, pris à mon insu'' martela le brun. "C'est une atteinte au droit à l'image, je peux t'emmener en prison pour ça !"

Mika sembla mesurer le pour et le contre, mais incapable d'envisager le concept qu'on pourrait ne pas l'aimer, il finit par approuver.

''Toutes les photos, alors. Bien, ce soir vient chez moi, on va bai...''

''Non ! Je n'ai jamais donné mon approbation pour ça.'' protesta Thomas.

''Je croyais que tu venais de le faire.'' répliqua Mika.

''Non. Je... tu me dégoûtes. Je ne... Cesse juste de t'approcher de moi.'' soupira le brun qui avait l'impression de discuter avec un mur.

Très costaud le mur, au passage.

''Ce n'est pas du jeu. Comme suis-je supposé te faire changer d'avis, si tu refuses de faire des activités de couple ?''

Thomas ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma, ne sachant quoi dire. Mika était têtu et sans discernement. Il avait beau frapper un mur aussi dur que la roche, Thomas ne baisserait pas les bras. S'il le fallait, il donnerait des coups de plus en plus puissants et finirait par le briser en mille morceaux.

''Je ne veux pas... rien faire de sexuel... avec toi.'' articula-t-il avec peine.

Les yeux de Mika roulèrent dans leurs orbites avant qu'un petit sourire ne plane sur son visage.

''Bien. Rien de sexuel, mais ça me complique les choses. Je suis doué pour le sexe.''

Le ventre de Thomas se tordit d'appréhension. Comment avait-il pu accepter un tel marché ? Même si celui-ci lui promettait une paix sans nom, il se sentait piégé. Il observa l'adolescent un moment, en silence. Ses propos étaient à mille lieues de la réalité. Se rendait-il seulement compte que ce genre de paroles ne devraient même pas franchir la barrière de ses lèvres ? Que son marché était immoral ? Envisageait-il ce qu'il lui avait fait subir dans les vestiaires comme un partage consentant ? Si c'était le cas, y avait-il d'autres personnes dans son cas ? Et comment lui faire prendre conscience de la gravité de ses actions ?

Une semaine. Il devait le supporter une ridicule semaine. De toute façon, avait-il seulement le choix ? Mika ne voulait pas entendre un "non". Il continuerait d'insister tant qu'il n'aurait pas gain de cause. Et, étonnament, Thomas sentait qu'il tiendrait sa promesse si le marché ne tournait pas en faveur du châtain. Après tout, il avait tenue toutes celles faites depuis son grand discours. Ironique de s'en remettre à son geôlier quand on était terrifié par lui. 

Je te déteste (BxB)Where stories live. Discover now