II

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Joyeux Noël à tous et toutes !

Aurélien était un excellent professeur de planification, certes, mais pas un très bon devin. A Okeanos, le salon privé de la famille royale était animé. Vêtue d'une longue robe blanche, Ondine était assise sur un fauteuil bleu pâle, qui s'accordait aisément avec le reste de la décoration clair. Le château d'Okeanos s'inscrivait dans un ensemble clair et lumineux, à l'image de l'océan ; ses illustres habitants représentaient à la perfection cette splendeur.

  — Je suis furieux, Manon ! s'écria Nérée, roi d'Okeanos. Comment as-tu pu oser inscrire ma fille dans cette Académie de malheur ?

  — Elle rêve d'être écrivaine, et l'Académie d'Ecriture lui permettra de développer ses compétences tout en parlant à d'autres personnes passionnées.

  — « D'autres personnes passionnées ? » répéta Nérée. Vraiment ? Seuls ceux qui ont raté leur scolarité ailleurs sont accueillis là-bas !

  — C'est faux, Nérée, et tu le sais bien. Avant, c'était le cas, mais aujourd'hui, l'école est une des plus complexes d'accès au monde. On raconte que seuls ceux qui sont sincères et qui ont le cœur pur peuvent y entrer.

  Nérée secoua vivement la tête, dégoûté. Son regard bleu océan était assombri, comme si une tempête venait troubler le calme des vagues. Le souverain grinça :

  — C'est une légende que la famille de cette idiote d'Elysia a répandu il y a deux cent ans, lorsque leurs critères d'entrée sont devenus plus sélectifs. Et puis, tu es prête à laisser ta fille côtoyer le fripon ? N'importe qui, du plus pauvre au plus riche, peut y être accepté ! Des personnes sans éducation y seront, elle y risquera sa vie !

  — Tu estimes bien mal le peuple français, Nérée. Je suis sûre qu'ils savent se tenir, et que Ondine sait se défendre. Il lui faut, pour un an, sortir du château, pour qu'elle n'ait pas de regrets plus tard d'être restée toute sa vie enfermée !

  L'intéressée suivait le conflit entre ses parents comme l'on observait un match de tennis. Elle était un parfait mélange des deux : grande et élancée comme sa mère, avec les mêmes cheveux roux foncé, et les yeux bleu océan de son père. Elle avait aussi le visage assez fin, comme Nérée.

  — Je refuse que ma fille soit entre les mains d'Elysia ! Elle est la fille de Béryl, Manon ! ajouta Nérée, dans un murmure.

  — Et alors ? On ne connaît pas cette Elysia. Si cela se trouve, elle est aimable, et se fichera du fait que Ondine soit de son sang !

  Nérée jeta un bref regard angoissé en direction de la porte. Si on les entendait, ils seraient fichus. Il répliqua :

  — Je refuse. C'est non négociable.

  — C'est trop tard, chéri. Ondine ira dans trois jours à l'Académie, je m'y suis engagée.

  Le souverain ouvrit la bouche, prêt à rétorquer de nouveau quelque chose, certainement prêt à annoncer que lui vivant, sa fille ne poserait pas un seul pied à l'Académie. Mais, Ondine se mit debout, avec une grâce similaire à celle d'une vague. Elle observa quelques instants ses deux parents, puis souffla :

  — J'irai à l'Académie, père. C'est moi qui ai demandé à Mère de m'y offrir une place, et c'est moi aussi qui ai insisté pour rencontrer cette Elysia. Je me fiche qu'elle ait des revendications sur le trône, ou encore que le sang de ma grand-mère coule dans ses veines. Elle n'en reste pas moins une fille de bâtard, et rien pour cela, sa place ne sera jamais au château.

  — C'est plus complexe que cela, Ondine, et...

  — Je désirais, le coupa-t-elle, pouvoir découvrir un autre endroit, mais aussi découvrir de nouvelles personnes. Vous n'avez rien à craindre au sujet de ma présence là-bas, car je saurais me défendre, et m'imposer en tant que princesse héritière au trône d'Okeanos.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant