VII

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Le 10 septembre 2022

  — Et tout se passe bien, à l'Académie ?

  — Tout est super, Maman. Ne t'en fais pas.

  Ondine avait appelé ses parents, afin de leur dire que tout se passait bien. Elle avait, avant cela, eut Océane en ligne, qui regrettait encore et toujours de ne pas avoir été prise à l'Académie. A cette pensée, le cœur d'Ondine se serrait ; elle regrettait tant de ne pas avoir sa meilleure amie auprès d'elle ! Océane lui expliquait ce qu'il se passait sur l'île, et lui envoyait des photos ; mais Ondine ne pouvait pas sentir l'odeur de la mer qui la rassurait tant, alors ce n'était pas pareil.

  — Ce soir, expliqua la princesse, nous allons à un bal, organisé par la directrice. Cela s'appelle le bal de rentrée, et d'après ce que mes camarades m'ont dit, cela va être génial.

  — N'oublie pas ce que nous t'avons dit, déclara son père, derrière. Sois raisonnable, tiens-toi bien.

  — « Et sois la parfaite représentation de la Couronne », oui, Père. Promis. Je vais devoir vous laisser, je suis désolée, mais je vais aller me préparer et finir mes devoirs.

  — Parfait. Prends soin de toi, Ondine.

  — Merci, Mère. Bon courage pour gérer l'île.

  Ondine raccrocha. Elle resta quelques instants immobile, le cœur battant. Elle vivait très bien sa liberté tout juste acquise, et réentendre la voix de ses parents ne pouvait que l'angoisser. Le vent venait se fouetter avec force à son visage, mais elle fermait les yeux, afin de profiter du silence. Elle était seule, de temps à autres, et même si elle n'aimait pas la solitude, elle avait eu besoin de s'absenter quelques minutes du château. Son téléphone en main, la jeune femme observait la rivière qui coulait face à elle, doucement. Cela sentait bon, comme une plaine après un orage ; les arbres laissaient encore des gouttes s'échouer sur l'eau et sur le sol, ainsi que sur Ondine.

  Elle avait caché à ses parents la retenue obtenue à cause de la bêtise collective. Ils auraient estimé que les autres avaient une mauvaise influence sur leur fille, et auraient été capable de la retirer de l'école ; mieux valait se taire, et garder le secret. Ce n'était pas si grave. Néanmoins, Ondine appréhendait la retenue. Elysia avait rédigé un planning, où chaque soir, les quatorze élèves se succédaient pour une heure de colle. Ainsi, le lundi, Louana, Anaïs, Lucie et Nyme devaient s'y rendre, tour à tour, de dix-sept heures à vingt-et-une heures. Ondine, quant à elle, avait obtenu une heure de colle le jeudi soir, à dix-huit heures, juste après Sarah. Elle y irait avec son assurance habituelle, bien sûr, même si elle contiendrait à coup sûr son angoisse derrière son masque de froideur.

  Soudainement, la jeune femme entendit des voix, s'élever d'un peu plus loin. Ondine fronça les sourcils, et glissa son téléphone dans sa poche, avant d'avancer à pas de loup vers l'ouest. Dans le plus grand des silences, Ondine réussit à atteindre un des points où la rivière se divisait en deux, et où Elysia elle-même se trouvait, avec Aurélien Courpere, le professeur de planification. La jeune femme hésita à partir, mais resta en entendant :

  — Le problème, c'est qu'Ondine sera la première impactée.

  — Je sais que cette lettre vient de son père. Et je sais aussi que cela ne lui plaît pas qu'Ondine soit élève à l'Académie.

  Elysia était assise sur le bord de la rivière, tournée de moitié vers Aurélien, installé lui aussi à même le sol. Elle glissa une main dans l'eau, et souffla :

  — Mon père n'aurait pas aimé cette situation.

  — Je me doute, répondit Aurélien, qui observait sa meilleure amie. Mais, Ondine n'a pas à en pâtir des décisions de son père.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Место, где живут истории. Откройте их для себя