XXVIII

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Elysia venait de terminer son discours. Tout s'était bien passé : les journalistes avaient paru surpris de la voir se présenter sans notes, mais avaient filmé et photographié comme si de rien n'était. Le Président semblait plutôt satisfait : et elle contenait son angoisse, souriant le plus normalement possible. Aurélien n'était pas loin ; il passait son temps à faire de discrets signes de tête, comme pour l'encourager à continuer.

  Après l'angoissant discours, la jeune femme et le Président répondirent aux questions des journalistes, essentiellement destinées au Président et sur le système d'éducation, mais aussi sur des sujets tout à fait différents. Néanmoins, la question pour laquelle Elysia angoissait le plus finit par arriver.

  — Madame de Clermont, pouvez-vous nous éclaircir quelques points au sujet de l'article publié sur vous et sur votre lien avec l'Okeanos ?

  — Je ne crois pas que ce soit réellement le moment, répliqua Elysia en souriant. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je suis bien la petite-fille illégitime du côté d'Alcyone, mais que je n'ai aucune revendication sur le trône d'Okeanos. Nérée, le roi actuel, me semble tout à fait fiable et de confiance, et je suis convaincue que sa fille Ondine saura parfaitement prendre la relève lorsqu'il sera temps pour elle de porter la Couronne.

  Le Président n'eut aucune réaction notable. Aurélien, assis dans l'axe de vision d'Elysia, hocha la tête, satisfait. Excellente réponse. La suite fut tout aussi appréciable, même si certaines réponses d'Elysia étaient assez évasives. Elle ne voulait pas s'épancher publiquement sur certaines choses, car tout ne concernait pas la presse.

  Finalement, la conférence fut finie. Ils partirent ensuite à cheval se promener dans la forêt et dans les champs alentours, escortés par des policiers à dos de monture également. Puis, vers vingt-heures, le Président rejoignit une dernière fois l'Académie, pour finir d'échanger quelques mots avec Elysia le temps que sa voiture n'arrive. Mais, soudainement, la porte derrière eux s'ouvrit, dans les cris et jurons des gardes. La jeune femme se plaça face au Président dans un réflexe, pour le protéger, et fut surprise de voir trois anciens élèves de sa connaissance. Ils avaient été renvoyés, parce qu'ils avaient eu de grands problèmes de comportement. Entre autres : agression sur camarades, vol, harcèlement... Bref, pas un beau dossier. Elysia avait été sur leur dos pendant un bon mois afin de réunir toutes les preuves de harcèlement (pour qu'il n'y ait pas de contestations de la part des parents ou du rectorat), et il leur en avait voulu pour cela notamment.

  — Monsieur le Président ! s'écria le dénommé Valentin. On doit vous parler de l'Académie, c'est grave, ce qu'il se passe ici !

  Le Président fronça les sourcils. Il avait parlé à des élèves, discuté avec des professeurs, et tous avaient paru heureux et à l'aise. Cependant, un avis négatif était aussi bon à prendre, rien que pour être certain que l'Académie n'ait pas besoin d'être redressé par l'Education Nationale.

  — Valentin, sérieusement... souffla Elysia. Vous avez été renvoyé d'ici il y a plusieurs années, et je n'ai pas porté plainte contre vous en échange du fait que vous ne reveniez jamais ici.

  Le Président fronça les sourcils. Valentin ne se soucia pas d'elle, et dit :

  — Déjà, de Clermont donne des retenues simplement par envie, quand elle n'aime pas des élèves. Avec ceux qu'elle apprécie, elle fait des soirées libertines, et en plus, le système pour entrer à l'école est désastreux. C'est un blason prétendu « magique » qui nous donne accès à l'Académie, c'est scandaleux.

  Elysia déglutit. C'était exactement le contenu de l'article publié à son encontre, quelque temps auparavant... Elle eut un mouvement de recul, et elle répliqua, horrifiée :

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Where stories live. Discover now