XXXVII

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Aurélien jouait nerveusement avec sa jambe. Les journalistes s'étaient installés, comme s'ils étaient chez eux, et s'étaient même pris un verre de champagne. Le jeune homme avait tenté de les renvoyer, mais ils avaient menacé de le frapper. Aurélien avait beau vouloir défendre l'Académie, il ne voulait néanmoins pas y perdre la vie ; il avait demandé aux élèves de partir par une porte dérobée, afin de ne pas laisser les journalistes approcher de la porte principale, fermée à clef. Ainsi, il ne restait plus que quelques courageux élèves, qui ne voulaient pas laisser leurs professeurs seuls. Parmi eux, Gabriel, Adrien, Luke, Louis, Théia, Enola, Victoria et Alex.

  Soudainement, Aurélien entendit une clef tourner dans la serrure de la salle de réception. Il tourna vivement la tête vers la porte, le cœur battant, et poussa un soupir soulagé lorsqu'il vit les deux porter s'ouvrir avec force pour se claquer contre le mur. Elysia était là. Et visiblement, elle était furieuse.

  En la voyant vêtue de sa sublime robe, son cœur rata un battement. C'était osé, mais elle était magnifique. La robe aurait pu être jugée de vulgaire, mais il n'avait pas l'impression que cela l'était, sur elle. La jeune femme s'était maquillée, aussi, d'eye-liner et de rouge à lèvres, ainsi que d'un fond de teint brillant, visiblement : il crut retomber amoureux d'elle à l'instant même où elle pénétra dans la salle.

  Les journalistes s'étaient mis debout, enchantés. Leur verre à la main pour beaucoup, ils observèrent Elysia des pieds à la tête ; ils semblaient la dévorer du regard. Aurélien sentit un goût amer lui envahir la bouche : il aurait détesté être à la place d'Elysia, simplement parce qu'on aurait dit qu'elle était un bout de viande. La jeune femme tourna immédiatement la tête vers les deux tables de journalistes, et cria :

  — Dehors ! Immédiatement !

  Cela fit rire les journalistes. Un d'entre eux secoua la tête, et dit :

  — Enfin, ma bonne femme ! Il ne faut pas s'énerver !

  — Mais oui, il faut se calmer. On doit simplement vous poser quelques questions, et des élèves nous ont laissé entrer.

  — Je me fiche de ce que les élèves vous ont autorisé à faire ou non. Vous êtes ici chez moi, avant d'être dans une école. Aimeriez-vous que l'on s'introduise chez vous alors que vous n'êtes pas là, et que vous n'ayez pas donné l'autorisation, pour que l'on dévisage votre famille et qu'on les ennuie pendant des heures ?

  — La situation n'est en rien comparable, déclara un journaliste.

  — Elle l'est pourtant tout à fait. Alors vous allez poser ces verres, et quitter l'école. Immédiatement !

  Les journalistes échangèrent de brefs regards. Un d'entre eux, encore assis à sa place sur la table la plus éloignée des deux, se mit debout, et s'approcha tranquillement d'Elysia, sous les regards de tous. Aurélien et Philomène, l'un à côté de l'autre, restaient muets, et accueillaient les élèves près d'eux, qui assistaient eux-aussi à la scène, impuissants.

  — Ma chère, ma chère, ma chère... Vous êtes encore innocente, et votre mère ne vous aura sans doute pas appris tout ce qu'il fallait savoir sur les hommes, je pense, mais... Vous n'avez pas à nous parler ainsi. Répondez simplement à nos questions, acceptez une interview pour chacun de nos journaux, et tout ira pour le mieux.

  L'homme lui sourit d'un air compatissant. Elysia restait bouche bée : mais pour qui se prenait-il ? La jeune femme tendit simplement la main vers lui, et susurra :

  — Le verre. De suite.

  Le journaliste lui tendit son verre, sourcils froncés. A peine obtenu, Elysia lui en jeta tout le liquide dans le visage, visant particulièrement les yeux. L'homme poussa un cri en plaçant les mains sur sa peau, comme brûlé. Elysia sourit de la même manière que lui, et l'attrapa par le bras avec force, pour murmurer :

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant