VIII

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Vingt-trois heures trente arriva bien vite. Tous les élèves rentrèrent dans leurs dortoirs, sauf les S3, qui se dirigèrent le plus discrètement possible vers l'infirmerie. A M. O'Rayan croisé, ils lui dirent qu'ils accompagnaient Brianna, qui utilisa ses meilleurs talents d'actrice pour simuler un mal de tête énorme. Ensuite, ils entrèrent tous dans l'infirmerie, le pas pressé.

  — Ah, le bal est terminé ? lâcha un élève de première année de faculté, en les voyant se ruer dans la pièce.

  — Oui ! s'exclama Victoria, rayonnante. Gabriel nous a dit de venir ici, sans nous faire voir par les professeurs.

  Le garçon secoua la tête. Fred arriva à peine dix minutes plus tard, et attendit que le silence revienne pour dire :

  — Bon, vous venez ? Je me suis assuré que les professeurs soient occupés ailleurs que dans vos dortoirs pendant la nuit, pour que vous soyez tranquilles.

  — Parfait ! s'exclama Gabriel. Bon, on y va ? Qu'avez-vous prévu, Georges et toi ?

  Fred sourit simplement. Il invita tout le monde à la suivre. Ondine, qui se tenait aux côtés d'Enola et Ariana, suivait le groupe, silencieuse comme à l'accoutumée. Elle venait pour étudier, à l'origine, et découvrir le monde ; aussi, pour rencontrer sa cousine, Elysia. Mais, si elle avait l'occasion d'assister à un « after », comme l'avait exposé Gabriel, cela pourrait être très intéressant.

  A la plus grande surprise de tous, Fred les fit passer par une porte secrète des jardins. Elle expliqua :

  — Il y a des gardes d'Okeanos à l'entrée, on doit sortir ailleurs pour être sûrs que personne ne nous voit.

  Ils traversèrent les jardins situés à l'arrière du château, et se turent tous en passant non loin des Appartements des professeurs, du côté gauche. Ensuite, ils accédèrent à un bâtiment situé au bout des jardins, au bord de la forêt : une barrière en pierre avait été bâtie des siècles auparavant, à l'origine pour protéger le potager des bêtes sauvages. Fred ouvrit la porte du bâtiment, qui n'était pas fermée, et invita tout le monde à entrer, avant de fermer derrière eux.

  — Où sommes-nous ? demanda Ondine, sourcils froncés.

  — Aucune idée, répondit Théia, face à elle. On a jamais eu le droit de venir ici.

  — Bienvenue dans la demeure des fantaisies ! C'est le nom indiqué sur le mur à l'entrée, mais elle semble abandonnée. J'avais entendu dire que c'est la maison réservée au mari et aux enfants de la directrice, mais bon.

  — Pour le mari, M. Courpere est là si besoin ! s'écria Adrien avant d'exploser de rire, suivi par la majorité des élèves.

  Ils ne patientèrent pas longtemps avant de suivre Fred, qui empruntait un couloir sur la droite. La demeure n'avait sans doute pas été habitée depuis dix bonnes années, et cela se ressentait, de par les murs défraîchis. Les élèves découvrirent avec émerveillement des tableaux de la famille du Berry, mais rirent aussi en voyant un portrait peint d'Elysia enfant. Alors, c'était une maison secrète ? Seules Louana, Ondine, Théia et Sarah semblaient mal à l'aise. Avaient-ils le droit d'être là ? C'était certainement une maison privée, et ce n'était pas adapté.

  Ils atteignirent une salle, avec un toit de verre, et éclairée uniquement par des bougies. Fred se plaça au centre, face à tout le monde ; ils restaient le nez en l'air, à observer la décoration. Le jeune homme avait tout décoré lui-même, avec ses amis. Des guirlandes lumineuses étaient accrochées en-dessous du plafond de verre, et éclairaient en plus la pièce. Les murs, blancs avec des dorures pour encadrer chacun des pans, accueillaient quelques fenêtres et des portraits. Une arche laissait une autre salle se dessiner derrière, que les élèves nommèrent rapidement « petit salon ». Dans la salle principale, une table avait été dressée avec de nombreuses boissons, et surtout de l'alcool. Cependant, il n'y avait pas énormément, car cela coûtait cher.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant