L'Académie d'Écriture [TERMINE]

XI

  Le soir-même, après ce cours de sport particulièrement adorable, la jeune femme partit en traînant les pieds jusqu'au bureau d'Elysia, où elle avait rendez-vous à dix-huit heures pour sa retenue.

  — Entrez ! s'exclama Elysia, en entendant Ondine frapper à la porte.

  La jeune femme entra dans la pièce, bien droite. Le port noble, son regard océan s'attarda sur les quelques meubles présents dans la salle. Des bibliothèques, deux commodes, une cheminée, et un bureau au centre, très imposant, où les affaires d'Elysia étaient parfaitement bien rangées. La jeune femme était par ailleurs assise, à écrire vraisemblablement sur son ordinateur.

  — Oh, Ondine. Allez-y, installez-vous.

  La princesse se dirigea vers le fauteuil en face d'Elysia. La directrice tendit une feuille et un stylo à Ondine, et dit :

  — Pendant cette heure, vous devrez rédiger un écrit, sur le thème de l'amour. Ecrivez une romance, passionnée, destructrice ou d'ores et déjà vouée à l'échec : vous avez carte blanche.

  Ondine acquiesça. Cela ne la surprenait pas d'Elysia de proposer un tel thème : selon ce qu'avaient dit Théia et Lola, Elysia avait passé son diplôme avec une romance historique, et écrivait essentiellement sur ce thème depuis toujours. Quelques minutes passèrent, durant lesquelles les deux femmes écrivaient, silencieusement. Soudainement, la directrice tourna la tête vers sa cousine, et demanda :

  — Outre cette retenue, tout se passe bien pour toi, à l'Académie ? L'intégration de nouveaux S3 est souvent compliquée, alors je préfère m'assurer que tout aille bien.

  Ondine sursauta, surprise. Elysia était passée au tutoiement, car elle sortait du cadre de directrice stricte, selon elle. La princesse répondit :

  — Tout se passe bien, oui. Cela faisait étrange de quitter l'Okeanos pour la première fois de ma vie, et de commencer à vivre en communauté avec d'autres personnes de mon âge. J'aime beaucoup les cours, et les professeurs, c'est vraiment intéressant.

  — Et, tu as eu les idées pour ton roman ?

  — Bien sûr. Je veux écrire un romance qui se déroule dans une monarchie, vers les années 1820, dans un pays fictif près de l'Italie. J'ai toute l'intrigue de prévue, mais je ne suis pas sûre, je dois encore y réfléchir.

  — Tu as jusqu'à mai pour le rendre, tu as le temps. Si tu veux, tu peux venir me voir avec ton projet et les chapitres que tu auras déjà commencés, je pourrais ainsi t'aider. J'ai fait mon projet de fin de S3 sur une romance historique aussi, cela tombe bien.

  Ondine la remercia du bout des lèvres. Elle était terriblement gênée, notamment parce qu'elle attendait d'avoir une discussion avec Elysia, mais que celle-ci était bien plus gentille que prévu. Elle aurait aimé pouvoir la critiquer, pouvoir dire que son père avait bien fait d'entretenir une haine constante envers elle, mais... Cela se passait bien, pour l'instant.

  — Et sinon, hormis l'écriture et la littérature que tu dois certainement beaucoup apprécier, qu'aimes-tu, dans la vie ?

  Cela sortait du cadre de la retenue. Néanmoins, Ondine n'allait pas s'en plaindre ; cependant, assez embarrassée d'être aussi proche de la directrice, elle bredouilla :

  — La mer. Essentiellement la mer.

  Elysia hocha la tête. C'était logique. Mais, la princesse semblait troublée : se rendait-elle compte de son interlocutrice, soudainement ? Elles étaient cousines, après tout, et avaient toutes deux grandies avec le nom de l'autre en guise de tabou familial. Ondine dit :