XVII

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Samedi 24 septembre 2022

  Elysia faisait les cent pas dans sa chambre, les mains dans le dos. Son cœur se cognait avec force dans sa poitrine, et elle marchait, en vain, en priant pour que son angoisse glisse sur elle comme... Euh... Comme des skis sur une pente enneigée ? Hum.

  — Ely' ? T'es où ?

  La directrice s'arrêta net. Elle partit ouvrir la porte, et passa la tête par celle-ci : Aurélien attendait au milieu du couloir, bras croisés, un air étrangement calculateur sur le visage. Vêtu d'un col roulé noir, d'un pantalon noir et d'une simple veste par-dessus, sa tenue n'était pas celle qu'il revêtait habituellement pour ses cours.

  — Oh, génial, lâcha-t-il en s'approchant. Prépare-toi, on va faire un tour.

  — Quoi ? Mais, je... Non, j'ai plein de choses à faire, et...

  — Que faisais-tu ? Tu pleurais silencieusement dans ton coin ?

  Elysia resta muette. Son meilleur ami entra dans la pièce, et se dirigea vers l'armoire de la jeune femme, le pas assuré. Il en sortit un simple bustier blanc en dentelle, presque transparent, qui ne cachait en réalité que sa poitrine, tout en la mettant en valeur. Il prit aussi, au passage, une veste tailleur blanc avec le pantalon assorti, et se pencha pour prendre des escarpins de la même couleur. Il tendit le tout à Elysia, et souffla :

  — Habille-toi, et laisse-toi porter, ce soir. Fais-moi confiance, je vais t'aider à te changer les idées, pour quelques heures.

  — Si les journalistes me voient en dehors de l'école, je...

  — Tu as trente-quatre ans, Elysia. Tu as encore le droit de sortir t'amuser de temps en temps. Même les Ministres sortent en boîte ! Tu n'as pas besoin d'être directrice même en dehors de cette école.

  Aurélien lui jeta ses vêtements dans les bras. Elysia hésita quelques instants : d'un côté, cela l'angoissait terriblement de quitter l'école alors que les tensions étaient encore palpables et que les journalistes continuaient de tenter de pénétrer dans l'école, mais à la fois... Elle avait besoin de s'aérer l'esprit. Et encore plus, de sortir avec Aurélien, cela faisait des lustres qu'ils n'avaient pas quitté l'Académie pour une soirée à peine.

  — OK, concéda-t-elle finalement.

  Aurélien sourit, enchanté. Il observa sa meilleure amie s'enfermer dans la salle de bains ; elle n'en sortit que cinq minutes plus tard maximum, vêtue de la tenue complète. Elle y avait ajouté quelques bijoux, et surtout, un collier avec un lys : un des symboles de sa famille.

  — Je suis prête. Il faut qu'on quitte l'école en secret, il ne faut pas que les journalistes ne nous voient, et encore moins les élèves. Ils m'embêteront pendant des semaines avec le fait que je sois partie faire la fête ; encore plus s'ils apprennent que je n'y suis allée qu'avec toi.

  Elysia avait lâché la dernière phrase avec un sourire aux lèvres. Aurélien sourit à son tour : il savait que les élèves imaginaient des choses entre lui et elle, mais ils n'étaient que meilleurs amis. :)

  — On y va ? demanda Elysia, en attrapant une pochette, avant d'y glisser des papiers, son portefeuille et son téléphone.

  Aurélien tendit le bras vers elle. Elle s'approcha pour qu'il le passe autour de ses épaules, et ils partirent tous deux, en direction de la gauche. Ils s'enfonçaient dans le château plus qu'autre chose, mais c'était un plan : une porte dissimulée permettait à Elysia de quitter l'aile des professeurs pour rejoindre la maison des fantaisies mais aussi les jardins, normalement. Ils l'empruntèrent donc, pour partir ensuite en direction du chemin principal. Elysia eut la surprise de remarquer que la voiture d'Aurélien avait été garée sur la terre battue, camouflée par les arbres. Loin des places réservées d'habitude pour les professeurs. Ils y grimpèrent, la jeune femme prenant garde à ne pas salir ses vêtements clairs.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant