XVIII

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Après une bonne demi-heure à danser avec Ayden, et à discuter de nouveau avec lui au bar, Aurélien vint chercher Elysia. Il était fatigué, et c'était lui qui conduisait ; alors, Elysia n'émit aucune résistance au départ. Avant de partir, elle souffla à Ayden :

  — Merci pour cette soirée.

  — Passe une bonne nuit, répondit-il, un sourire aux lèvres.

  La directrice lui sourit. Elle avait passé la soirée dans ses bras, entre discuter, danser et s'embrasser : cela avait été étrange, mais... Elle avait adoré. Même si l'alcool lui était plutôt monté à la tête...

  — Tu as pris son numéro ? grinça Aurélien, le ton sec.

  Elysia fronça les sourcils. Ils rejoignaient la sortie de la boîte, le pas pressé, car Aurélien partait en de grandes enjambées. Le visage dur, il semblait fatigué, mais aussi en colère.

  — Aurélien, attends ! s'écria la jeune femme, en voyant que son ami la devançait.

  Elysia se lança à sa poursuite. Chancelante, elle se rattrapa finalement à son bras, et lâcha :

  — Qu'est-ce qui ne va pas ?

  — Rien. Tout va parfaitement bien. Pourquoi est-ce que ça n'irait pas ?

  — Tu marches vite, tu m'ignores et tu as l'air furieux. Arrête-toi, Aurélien !

  Le jeune homme s'arrêta net. Il poussa un soupir et réfléchit quelques instants. Il faisait frais, mais les deux étaient encore rouges par la chaleur de la soirée. Son visage se fit soudainement plus doux, et il bredouilla :

  — Désolé, je suis fatigué. On y va ?

  Elysia fronça les sourcils. Le jeune homme avait une lueur attristée dans le regard, voire résignée ? Elle n'en savait rien. Elle lâcha :

  — Tu sais que tu peux m'en parler si quelque chose ne va pas ? Je suis désolée de t'avoir laissé un peu seul, ce soir. Mais tu te rends compte ? Pour la première fois depuis des années, j'ai osé parler à quelqu'un ! Je suis enchantée, j'ai moins l'impression de ne rencontrer personne.

  Elysia avait un lourd poids sur les épaules, en plus de l'Académie : elle était la dernière descendante de la famille du Berry, à sa connaissance, du moins. Alors, c'était elle qui devrait transmettre son sang et son héritage, à un ou des enfants. Cependant, elle avait trente-quatre ans et le fait de ne pas encore avoir d'homme dans sa vie la faisait paniquer. Comment ferait-elle pour avoir des enfants rapidement ? Elle aurait voulu avoir des enfants à trente-cinq ans, grand maximum, pour pouvoir les élever plus facilement qu'à quarante ans. En plus, elle aurait plus de mal à avoir des enfants, plus tard, et... Elle angoissait. D'autre part, cette pression l'empêchait réellement de discuter avec des hommes : elle ne trouvait personne digne d'être membre de la famille du Berry et elle ne voulait pas que son nom soit entiché par un idiot. Elysia se fichait qu'on lui brise leur cœur : mais qu'on brise l'honneur de sa famille, cela, elle ne pourrait pas le tolérer.

  — C'est génial, déclara simplement Aurélien. Ne t'en fais pas, tout va bien.

  Elysia hocha la tête en guise de réponse. Elle verrait s'il voulait lui en parler plus tard : elle ne voulait pas le forcer, ou pire ! Gâcher la soirée. Gâcher la sienne en apprenant des choses qu'elle ne voulait pas entendre, ou gâcher celle d'Aurélien en le poussant à parler de choses lourdes pour son cœur ? Elle ne savait pas.

  Ils montèrent dans la voiture. Le trajet fut plus calme qu'à l'allée et Elysia pouvait sentir une tension palpable provenant du jeune homme. Concentré, il semblait songeur. Elysia savait que ce n'était pas la fatigue, elle le connaissait par cœur : cependant, elle ne savait pas comment faire pour l'aider et préférait se taire, en attendant qu'il se sente prêt à lui en parler.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Where stories live. Discover now