XLIII

20 5 5
                                    

Le silence était pesant. Elysia jouait avec son stylo, qui émettait un bruit très agaçant. Comme hypnotisée, la jeune femme continuait pourtant de le faire tourner entre ses doigts.

  Sa tante avait raison. La situation ne pouvait pas continuer ainsi, surtout si Nérée avait vraiment tué Béryl. Ondine monterait un jour sur le trône, et il ne fallait pas non plus compter sur elle pour renouer les liens. Même si Elysia n'avait pas encore d'enfants, elle ne voulait pas non plus qu'ils vivent dans la peur de l'Okeanos, comme elle.

  Elle avait demandé à voir Aurélien dans son bureau le soir-même. Dans la chambre, Elysia était encore sous tension, mais elle ne voulait pas discuter avec lui sur le coup, car elle ne savait pas articuler deux phrases claires. Aurélien l'avait donc abandonnée pour donner cours, avec du retard néanmoins.

  Aurélien ne tarda pas à arriver. Il entra, et s'installa face à elle. La jeune femme était debout, et rangeait depuis dix bonnes minutes des documents dans son armoire, par ordre alphabétique.

   — Ça s'est bien passé ? demanda Elysia en fermant un tiroir.

  — Oh, euh... Oui, j'ai fermé la salle à manger et j'ai conduit les derniers élèves de C2 à l'étage des dortoirs car c'était l'heure de leur couvre-feu.

  — Non, tes vacances. On n'a pas encore pu en parler.

  Elysia se tourna vers lui, appuyée contre l'armoire. Aurélien sourit légèrement, angoissé, avant de souffler :

  — C'était génial. Rome est sublime, Naples a son charme également, même si c'est moins beau que la capitale. J'ai adoré Florence, et Venise par-dessus tout.

— C'est parfait, alors.

  Il y eut quelques instants de silence, assez embarrassant. Elysia vint s'asseoir face à lui, et réfléchit, avant de lancer :

  — Tu sais que je suis ta patronne ?

  Aurélien prit une bouffée d'air. Oh oh. Ça sentait mauvais.

  — Oui, balbutia-t-il.

  — En mars, je te kidnappe une semaine. En tant que patronne, évidemment. J'emmène les S3 et les L1 en voyage de classe, et je compte sur toi pour m'accompagner.

  Un soupir rassuré échappa à Aurélien. Il sourit de nouveau, plus sincère cette fois-ci, et répondit :

  — Avec plaisir. Où se déroule le voyage ?

  — A Paris. Cinq jours. Evidemment, tu n'as rien à payer : tu dois simplement m'accompagner et m'aider avec les élèves, si tu es d'accord.

  — Bien sûr. Ce serait génial.

  Elysia sourit à son tour. Elle passa la main sur le livre abandonné sur son bureau, avant de soupirer. Allez, c'était le moment. Il fallait qu'elle se lance.

  — Désolée, pour la dernière fois. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne voulais pas jeter de froid entre nous.

  — Ce n'est pas grave.

  — Si, ça l'est. Je sens que tu es embarrassé à cause de tout ça, et... Je ne sais même pas quoi te dire.

  — Est-ce que tu m'apprécies ? demanda Aurélien soudainement.

  Elysia se pinça les lèvres. Question complexe. Aurélien resta muet, suspendu à sa potentielle réponse. La jeune femme réfléchit à peine avant de rétorquer :

  — Je n'ai jamais aimé personne comme je t'aime, Aurélien.

  Le cœur du jeune homme rata un battement. Elysia secoua la tête, et continua :

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant