VI

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Les premiers cours s'étaient bien déroulés. Ondine avait sympathisé avec grand nombre d'élèves de son année : ils étaient une trentaine, et évoluaient en deux classes de quinze. Dans sa classe, elle côtoyait notamment Lola et Théia, qui faisaient partie de son dortoir. Elle passait aussi du temps avec Lucie, qui adorait les cookies et semblait en sortir à l'infini de son sac ; également, elle traînait avec Gabriel, un garçon assez aimable qui avait décidé de l'insulter de poisson. Alors, Ondine s'était rapproché de lui, à l'origine, pour mieux l'atteindre et lui détruire le cœur, et par la suite, parce qu'il s'avérait qu'il désirait simplement la taquiner. Maladroitement, mais ils s'étaient arrangés.

  — Cours de littérature avec Madame Philomène. C'est une des plus âgées de nos professeurs, elle est ici depuis des décennies.

  — Ah oui ?

  — Oui, confirma Théia. Ma mère l'avait eue en tant que professeure, par ailleurs. Avec Romane et Lola, on ne l'a pas eu beaucoup depuis notre première année ici, parce qu'on tombait toujours sur l'autre professeur. On le surnommait "Le hibou", mais j'ai oublié son nom.

  Ondine entra dans la salle la première. Les élèves étaient plutôt agités, car ils sortaient d'un cours d'introduction à l'économie et au commerce (pour préparer ceux qui voudraient partir dans l'édition ensuite), et cela avait été une activité de groupe.

  — Bonjour à tous ! Allez, installez-vous ! Allez, allez, on se dépêche !

  Les élèves se hâtèrent de s'asseoir. Ondine se plaça au premier rang, accompagnée par Sarah, une de ses camarades de classe. Plusieurs personnes se ruèrent vers le fond de la classe ; ils connaissaient Philomène, et elle commençait à devenir sourde, de telle sorte à ce qu'ils puissent parler dans le fond sans qu'elle n'y prenne garde. La professeure fronça les sourcils en voyant que seuls quatre tables étaient emplies au premier rang. En plus d'Ondine et Sarah, Théia, Lola, Mary, Victoria et Nyme s'étaient assises devant. Les trois dernières étaient toutes trois dans le même dortoir, et suivaient souvent Ondine et Théia un peu partout, pour « la bonne ambiance ».

  — Un peu de calme, je vous prie, grinça Philomène, sans succès.

  La professeure poussa un long soupir. Elle se dirigea vers son bureau, le pas lent, la baguette qu'elle utilisait pour désigner les quelques mots dessinés à la craie sur son tableau noir mobile à la main. Elle se plaça contre le bois de son bureau, et lâcha, le ton lourd :

  — Vous savez, vous êtes tous quelqu'un.

  La phrase lancée par le professeur surprit tout le monde. Le calme revint dans la classe ; seuls les deux perturbateurs du fond de la classe, Martin et David, continuaient de jouer sur leurs téléphones.

  — Je ne suis pas devenu professeur pour me tourner les pouces, ou pour tenter d'obtenir un maigre salaire en passant mon temps en vacances. Je suis arrivée à cette place pour tout autre chose, et c'est sans doute une pensée bien trop mise de côté et oubliée par les élèves.

  Tous la suivirent du regard, même lorsqu'elle se mettait à errer entre les allées de la classe. Elle continuait :

  — Je rêvais d'éduquer des jeunes. De leur transmettre ma passion, de les aider à mieux comprendre leur monde et leur esprit. Chaque matin, là est ma motivation : montrer aux élèves que l'univers est vaste, et regorge de choses intéressantes à découvrir.

  Elle lâcha un petit rire, qui en fit sourire quelques-uns. Ses pas l'avaient amené à se glisser derrière les deux sots, à qui elle prit aisément les téléphones. Les deux jeunes râlèrent, agacés par le traitement injuste que leur infligeait la professeure, et s'apprêtèrent à se mettre debout pour le reprendre. Cependant, ce fut leur amie elle-même, nommée Carla, qui s'en mêla, pour leur souffler de rester assis.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora