XXIII

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A huit heures pile, Elysia était entrée dans le dortoir de Lola. Il ne restait plus que Romane, qui était installée sur son lit. Ce matin-là, les S3 avaient planification, mais visiblement, Romane avait oublié.

  — Je peux venir ? demanda Romane, un sourire attendrissant aux lèvres. Si Lola a besoin de soutien émotionnel, je serais là, ainsi.

  Elysia poussa un soupir. Bon. Elle n'avait pas tort.

  — Fais ton sac, grinça Elysia.

  Comme par magie, Romane sortit un sac déjà prêt de sous son lit. La jeune femme expliqua :

  — Je me serais accrochée au pare-brise si vous aviez refusé.

  — Hum.

  — Il ne faut pas angoisser par rapport à cette annonce, déclara Romane, en penchant la tête sur la droite. Il ne va rien se passer.

  — Je risque d'avoir de gros problèmes.

 — Et alors ? Ce ne seront pas les premiers que vous aurez. Allez, Elysia, vous n'allez pas vous laisser abattre car on a appris que vous étiez une héritière potentielle d'un trône !

  Elysia ne put s'empêcher de sourire. Romane l'observait avec un air si serein qu'elle ne pouvait que l'être aussi. Rapidement, elles furent rejointes par Anaïs et Mary, qui passaient par là. Elles chantaient des chansons de Noël, en plein mois d'octobre : bon. Normal, faites pas gaffe. Surtout qu'elles étaient censées être en cours aussi.

  Alors, comme les quatre étaient majeures, Elysia les emmena dans sa voiture, garée derrière la maison des fantaisies. Lola monta à l'arrière avec Mary et Anaïs, tandis que Romane montait à l'avant, pour « gérer la musique ». Elysia avait prévenu Aurélien qu'elle partait pendant deux jours, ce que son meilleur ami avait vivement réprimandé. Elle venait à peine d'annoncer au monde qu'elle était la première héritière illégitime mais légitime au trône d'une monarchie, et elle quittait déjà l'école sans prévenir personne ?

  Oui. Pour ses élèves, elle quittait l'école.

  Les quatre se mirent en route. Elysia n'appréciait pas conduire, et elle ne l'avait pas fait depuis longtemps ; ainsi, elle mit quelques minutes avant de reprendre la main. Les trois jeunes femmes observaient la directrice, assez déstabilisée : voir Elysia dans un autre contexte que l'Académie leur serait toujours étrange. Surtout dans cette position, avec les mains sur le volant, attentive à la route. Normale, en fait. Elle n'était pas seulement la directrice un peu tumultueuse de l'Académie, et cela, les trois jeunes femmes crurent le réaliser à cet instant. Romane s'exclama :

  — On va mettre de la musique à fond, Elysia, et tout ira bien, promis ! Au fait, question : on peut vous tutoyer, pendant ces quelques heures de vacances ?

  — Non, déclara Elysia. Mais si vous le faites, je ne pourrais pas vous punir.

  Romane rit, tout comme Mary et Anaïs. Seule Lola, assise sur le siège le plus à droite dans la voiture, restait le regard fixé sur la fenêtre couverte de buée, songeuse. Elysia augmenta le son de la radio, et lâcha :

  — Sérieux, Romane, t'es censée être la plus fêtarde de toute, et tu sais pas monter le son au-dessus de vingt ?

  — Oops ! répliqua malicieusement Romane, avant d'entamer le refrain de la musique en dansant sur son siège. Allez, Lola, danse ! Ta sœur ira bien, on arrivera et Elysia lui jettera un sortilège qui vient d'Okeanos, comme elle a du sang princier et qu'on dit que la Couronne est magique ! Comme ça, elle sera soignée d'un seul coup !

  Elysia leva les yeux au ciel. Elle arriva sur une route plus importante que celles qu'elles traversaient en pleine forêt ; puis, elles ne tardèrent pas à rejoindre une autoroute.

L'Académie d'Écriture [TERMINE]Where stories live. Discover now