1. Réalité.

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Vous l'attendiez...
Et voilà ce premier chapitre !
Désolée si ça a été long, j'avais besoin de ce temps pour me reposer et retrouver l'imagination...
En tout cas, vous m'avez manqué !

...

6 août 2019.

Une légère brise vient chatouiller les mèches retombant en pagaille sur son front. Face à lui, l'océan. L'immensité de cet élément l'apaise. Il le ramène à la réalité. Lui qui a l'impression de défier la mort tous les week-ends se rappelle qu'il est infiniment petit dans l'univers. Et qu'il n'est pas invincible.

Les rayons de soleil chauffent déjà son visage, lui donnant la sensation de capter une énergie reposante. Et il s'en réjouit car son coach n'a exigé que deux choses de lui pendant ces quelques jours de répit. Prendre des couleurs. Et se reposer. Suivre un léger entraînement physique, bien sûr. Mais la préparation est faite. A ce stade, l'entraînement du corps paraît secondaire.

Et Pierre le sait. Il a mauvaise mine. Il n'a jamais été aussi pâle à cette période de l'année. La faute aux trop nombreuses heures passées à la salle de sport. Comme si les sacrifices concédés à faire souffrir ses muscles pourraient compenser son début de saison loin d'être au niveau qu'il espérait.

Il n'avait pas imaginé qu'il serait si compliqué d'intégrer la prestigieuse écurie Redbull après avoir roulé pendant près d'un an avec sa petite sœur Toro Rosso et avoir fait ses classes dans l'équipe Junior. Mais l'envie de bien faire est son pire ennemi. Il veut tant prouver qu'il mérite sa place. Il veut tant faire un pas de plus vers la réalisation de son rêve.

Et voilà que dès sa première erreur, il a déjà vu son souhait le plus cher s'éloigner. Il semble s'évaporer comme la confiance que les membres de l'équipe placent en lui. Et ce manque de conviction permet au doute de s'insinuer dans sa tête alors que la qualité première d'un pilote est d'être toujours sûr de lui.

Tous ces sentiments le bouffent. Et il a besoin d'extérioriser ce cocktail qui le mène droit à sa perte. Même si cela va à l'encontre des recommandations de son physio. Dans l'incapacité de dormir plus de quelques heures, il s'est levé aux aurores pour aller courir. Il aurait dû se limiter à cinq kilomètres à une allure modérée. Mais il a frôlé son record personnel sur le double de la distance.

Ses muscles tiraient. Ses poumons brûlaient. Mais qu'est-ce qu'il est bon de ressentir une douleur physique pour illustrer ce mal-être qui le ronge. Se tuer à la tâche semble être sa seule option. Oubliant la fatigue, comme il l'a toujours fait depuis qu'il est entré à l'académie au Mans. Pour travailler, toujours plus. C'est ce qui lui a permis d'en arriver là, alors qu'à l'époque, il avait déjà fait taire ceux qui n'avaient pas confiance. Parce qu'il y croyait assez pour se donner les chances de triompher.

Sa planche de surf sous le bras, il tente de chasser ses pensées de son esprit. Il s'avance sur le sable mou et se laisse glisser au loin. Pierre profite de la plage encore déserte pour prendre quelques vagues et sortir du logement qu'il occupe pour ses jours de vacances. Il a décidé de s'isoler pour réfléchir. Et pour que personne ne le surveille alors qu'il s'oblige à suivre un entraînement physique intensif.

Ces séances matinales de glisse sont donc une bonne alternative à ses séances de musculation et lui permettent d'être au grand air, sous le soleil des Landes. Et donc d'affirmer à Pyry qu'il a bien suivi ses conseils lorsqu'il le retrouvera dans deux semaines, avant de retourner sur les circuits.

Il prend quelques vagues, s'échouant systématiquement dans l'eau. Le pilote pince les lèvres après chaque échec. Le goût du sel imprègne rapidement sa langue et se répand dans sa bouche, sans qu'il puisse l'oublier. C'est désagréable, tout comme le goût de l'échec.

REMÈDE - PIERRE GASLYWhere stories live. Discover now