35. Commencer.

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16 janvier 2020.

En passant la porte, Pierre est empli d'une douce sensation de bien-être. Il y a quelques jours, il a pu poser ses bagages chez ses parents, à Rouen. Même si ces derniers ont toujours fait de leur mieux pour être présents et l'accompagner, il passe tellement de temps en voyage, à parcourir le monde, qu'il apprécie chaque instant qu'il peut passer avec sa famille.

Les rires de ses frères résonnent dans la maison. Les gazouillis de ses jeunes neveux emplissent l'air d'une énergie joyeuse. Il apprécie cette atmosphère chaleureuse et réconfortante qui lui réchauffe le cœur. Les liens familiaux ont une saveur particulière pour lui. Le châtain sait qu'ils leur doit énormément.

Alors qu'il se baisse pour ranger correctement ses baskets et éviter une remarque de sa mère, le jeune homme pose son regard sur une corbeille posée sur l'une des étagères du meuble d'entrée. Celle-ci déborde presque et cela le fait sourire. Elle contient tous les courriers qui lui sont destinés. Des encouragements de fan. Des demandes d'autographe.

C'est une histoire de famille et la matriarche prend plaisir à gérer cette partie de sa carrière qu'il ne peut plus assumer seul depuis qu'il a fortement gagné en notoriété. Elle veille à toujours lui transmettre les demandes les plus originales auxquelles il prend grand soin de répondre.

Pierre attrape quelques enveloppes qu'il ne peut s'empêcher d'ouvrir pour lire les mots qui lui sont destinés. Ces courriers remplis de bienveillance le touchent et renforcent son moral qui ne fait que s'améliorer depuis qu'il est arrivé en Normandie. Il stoppe tout mouvement lorsqu'il tombe sur une lettre dont son adresse est rédigée d'une écriture fine et soignée qui lui semble familière.

Cette enveloppe l'interpelle. Le châtain décide de la mettre de côté pour prendre le temps de l'ouvrir. Et alors qu'il repose soigneusement les courriers décachetés pour être sûr qu'une réponse leur parviendra, ses yeux sont immédiatement attirés par une autre missive dont l'enchaînement de lettres est similaire à celle qui éveille sa curiosité.

Il s'empresse de retourner les deux courriers pour en connaitre l'expéditeur. Asha Cooper. Son nom seul suffit à déclencher une vague d'émotions en lui, ravivant des souvenirs de ces instants d'une autre vie. Une époque où le temps paraissait suspendu.

Sans hésiter, Pierre saisit les lettres, se demandant ce qu'Asha peut bien lui écrire. Son esprit est assailli de questions, d'anticipations, mais aussi d'une certaine fébrilité. Le normand se remémore ce cliché de son visage entouré de neige. Elle semblait si heureuse et déterminée. Il espère que ses angoisses ne se sont pas de nouveau rappelées à elle.

Il monte dans sa chambre, restée telle qu'il l'a laissée quand il a quitté la maison familiale à l'adolescence et ferme la porte pour ne pas être dérangé. Il s'installe confortablement, conscient que ces enveloppes détiennent sûrement des mots qui le renverront directement auprès de la brune. Le pilote veut veiller à porter de l'importance à chaque mot et à s'imprégner de l'essence de la brune. Son cœur bat un peu plus rapidement alors qu'il décachette la lettre la plus ancienne.

Les mots dansent devant ses yeux. Il prend une grande inspiration avant de se plonger dans les pensées de cette âme qu'il souhaite connaître un peu plus profondément.

Cher Pierre,

J'ai de nouveau échoué. Je t'écris alors que cela fait près de six heures que je suis assise sur ce fauteuil particulièrement inconfortable à l'aéroport. J'ai besoin d'apaiser mes angoisses et je ne sais pas où commencer, ni comment réellement m'y prendre. Alors, je me suis dit que écrire serait peut être cathartique. Et t'écrire à toi est apparu comme une évidence bien que je ne sois pas certaine que tu lises un jour cette lettre qui se perdra sûrement parmi tous les encouragements que tu reçois.

REMÈDE - PIERRE GASLYWhere stories live. Discover now