REMÈDE - PIERRE GASLY

39. Être.

26 janvier 2020.

La lumière de l'extérieur s'infiltre par petits filets par les volets et vient chatouiller le visage de Pierre. Il papillonne doucement des paupières et prêt à se laisser à nouveau emporter par ses songes, il se retourne pour venir se blottir sous la couette, à la recherche d'un peu plus de chaleur à sa place favorite. Mais lorsque ses bras se referment sur son oreiller, le pilote se redresse d'un coup en constatant que le matelas est désespérément vide.

Des vibrations l'empêchent de réfléchir plus longtemps. Par réflexe, il saisit son téléphone pour arrêter son réveil mais il ne constate curieusement aucune notification. Il cherche alors l'origine de ce bruit et son regard se pose sur un deuxième smartphone reposant sur la table de chevet opposée. Un prénom s'affiche et disparaît immédiatement. Cléo.

Pierre soupire et trouve le courage de sortir du lit. Il passe un jogging et s'avance prudemment dans l'appartement à la recherche de la brune. Il la trouve derrière le bar de la cuisine, affairée à préparer le petit-déjeuner.

Cette scène le renvoie instantanément à leur rencontre et il ne peut s'empêcher de sourire en constatant tout le chemin déjà parcouru. Asha a traversé le pays pour venir le retrouver en Italie.

« Et donc moi j'ai le droit de me réveiller tout seul ? demande-t-il pour indiquer sa présence en faisant référence à leur conversation de la veille. »

Elle se retourne vers lui pour croiser son regard encore endormi. Elle se mord la lèvre, préoccupée à l'idée d'avoir commis un impair.

« Bonjour, murmure-t-elle. Désolée, je voulais te préparer quelque chose à manger pour te remercier de m'accueillir... »

Elle s'avance vers lui, la poêle encore à la main, et se hisse sur la pointe des pieds pour venir déposer ses lèvres sur sa joue. Pierre est surpris qu'elle agisse aussi naturellement avec lui, mais il n'en est pas moins heureux. Elle se replace devant la gazinière et la regarde s'appliquer à former de petits cercles de pâte dont l'odeur lui chatouille les narines.

Une nouvelle vibration répétée vient le sortir de sa contemplation. Il jette un coup d'oeil sur l'écran et tend son téléphone à la jeune femme.

« C'est la deuxième fois qu'elle t'appelle, explique-t-il. »

Le sourire jusqu'alors présent sur son visage se fane. Asha saisit doucement l'appareil et le fixe sans savoir quoi faire. Finalement, elle prend une grande inspiration et raccroche afin de l'éteindre complètement tandis que le normand la regarde, adoptant un ton à mi-chemin entre l'étonnement et la fierté.

« Elle doit se demander où je suis, souffle-t-elle. Elle devait passer à la maison. Elle lève la tête vers lui. Personne ne sait que je suis ici. Elle confirme ce qu'il pensait bien avoir compris.

- Tu devrais au moins lui dire que tu vas bien, suggère-t-il.

- Je lui enverrai un message après notre petit-déjeuner. »

Il se contente d'acquiescer et de s'installer pour goûter à ce qu'elle a préparé. Pierre chérit ce moment parfait. La playlist de la brune en fond. Le soleil qui passe à travers les carreaux. Son sourire. Ses yeux pétillants. Et ses pancakes à tomber.

« J'ai un cadeau pour toi, annonce-t-il en posant sa tasse de café fumant sur le bar.

- Pour moi ? dit-elle, intimidée. »

Il hoche la tête et se lève pour aller fouiller dans un tiroir de l'entrée. Il revient avec un petit paquet carré, emballé d'un joli papier bleu. Elle le prend délicatement en main et l'inspecte sous toutes les coutures, une question lui brûlant les lèvres.