7. Un été.

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8 août 2019.

Le son des remous des vagues est relaxant. L'eau lèche le sable, en le refroidissant à son contact. Les lumières de la jetée et du littoral se distinguent dans le ciel noir. Le disque d'argent parfaitement circulaire est perché tout là-haut. Et son reflet, se déforme sur l'océan. Tout est calme. Seuls les rires joyeux des fêtards parviennent aux oreilles des jeunes adultes échoués sur la plage. Ils sont assis là, laissant leurs regards se perdre à l'horizon alors qu'une brise fraîche vient rendre supportable l'air chaud de l'été.

Cléo attrape la bouteille qui se trouve entre eux deux et porte le goulot à ses lèvres. Elle sent le liquide imprégner sa langue et son palais de sa saveur amer et réchauffer son œsophage pour terminer sa course au creux de son estomac. Elle a froid. Sur un coup de tête, elle a décidé d'aller se baigner à la nuit tombée. Encore un moyen de se sentir vivante, sans vraiment en mesurer les conséquences. Elle ne l'avouera jamais, mais c'était aussi un moyen d'impressionner le châtain qui se tient à ses côtés. Lui montrer, qu'elle non plus ne craint pas le danger. Et qu'elle sait s'amuser.

Mais voilà que la brune a froid désormais. Ses cheveux sont trempés. Et elle ne se rappelle même pas pourquoi elle pense avoir quelque chose à lui prouver. D'autant plus, qu'entre le sable et le mélange d'eau iodée, sa blessure au bras risque de s'infecter. Mais elle a ce besoin en elle. Elle veut juste compter et emporter un peu de son estime avec elle, lorsqu'ils mettront un terme à cette parenthèse.

Un frisson parcourt son échine. Pierre tourne la tête vers elle et la détaille. Ses mèches brunes humides sont emmêlées en un chignon décoiffé. Ses pupilles bleues contrastent avec ses yeux rouges de fatigue qui ont affronté l'eau salée. Ses lèvres sont violacées. La jeune fille a su le faire rire, en enchaînant les bêtises.

Il veut profiter encore un peu de cette soirée. Repousser le sommeil, qui, il sait, ne viendra jamais. Alors, il attrape le bas du large sweat qu'il porte et le passe par-dessus sa tête. D'une main, il arrange sa coiffure et, de l'autre, il tend le vêtement à Cléo.

Ce serait mentir de dire qu'elle n'est pas touchée par ce geste. La brune aime être au centre de ce genre d'attention. Elle s'empresse de se blottir dans le large pull dont la douceur du coton réchauffe immédiatement sa peau. Elle tire finalement la capuche sur sa tête, ce qui lui permet de sentir l'odeur du pilote envelopper son corps. Elle le remercie et laisse à nouveau son esprit divaguer.

Ils sont tous les deux silencieux mais c'est bien loin d'être pesant. Ils tentent de se remettre de leurs émotions. D'évacuer l'adrénaline à laquelle ils ont goûtée aujourd'hui. Sauter dans le vide, la tête la première, et suspendre sa vie à un unique fil. Sentir la peur les envahir alors qu'ils s'approchaient du précipice. Le sang glacé. Les muscles tendus. Une goutte de sueur perlant sur leurs visages. Et puis le décompte. Cette boule au creux de leur ventre qui monte. Leurs esprits menant une bataille au sein même de leurs cerveaux. D'un côté, pour les supplier de revenir à la raison. De l'autre, pour les convaincre que ces émotions sont nécessaires pour éloigner tous leurs problèmes.

Et puis, on débranche le rationnel. Ce n'est plus le moment de se poser des questions. On se laisse juste tomber. Et on voit le sol se rapprocher à vitesses grand V. Pierre est presque sûr d'avoir fermé les yeux lors du premier plongeon. Grave erreur. Ça a décuplé un peu plus toutes ses sensations. Mais on ne peut pas le blâmer pour cette réaction. Cléo a insisté pour passer en première. Et son cri raisonnant contre les falaises n'a pas rassuré le pilote. Le pire reste qu'après la chute, vient le rebond. Il nous cueille par surprise au moment où on s'y attend le moins. Leurs pensées ont fait le grand huit. Mais plus rien ne les hantait. Ils se sont simplement sentis vivants. Terriblement vivants.

REMÈDE - PIERRE GASLYOn viuen les histories. Descobreix ara