45. Espoir.

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7 février 2020.

Ses yeux papillonnent, s'habituant difficilement la lumière puissante renvoyée par les murs d'un blanc immaculé. Sa gorge sèche la fait souffrir. Tous son corps lui semble endolori et le coeur d'Asha se sert, désespérée à l'idée d'être replongée dans ses peurs les plus profondes.

Elle est allongée dans ce lit d'hôpital. Une vague impression d'être de retour à la case départ, quand elle existait seulement pour être le remède défaillant de sa soeur. Le seul espoir. Mais rien n'est plus pareil. Et pourtant, sa main n'est pas enveloppée dans des doigts partageant leur chaleur, comme c'était le cas dans les songes qui ont habité son esprit lors des ses dernières heures de léthargie.

La brune veut tout de suite se rendormir pour retrouver ce sentiment de bonheur, de bien-être, de plénitude. Et prier silencieusement pour pouvoir se plonger à nouveau dans ses yeux bleus qui n'ont fait que la réconforter et l'encourager. Ces pupilles d'une couleur chaleureuse qu'elle espère avoir le luxe de recroiser. D'admirer. Et même d'aimer.

Mais, à la place, elle doit faire face aux trois regards durs braqués sur elle. Asha essaye de bouger mais elle en est incapable. Ses muscles sont lourds, engourdis. Alors elle se contente d'essayer de prononcer quelques mots malgré le feu qui brûle sa trachée. Ça paraît incompréhensible car sourcils levés, personne ne vient pour l'aider alors qu'elle désigne un verre posé sur la table roulante à quelques mètres d'elle.

« Ce n'est pas trop tôt, tonne la voix de sa mère. »

La jeune femme sent sa vision se troubler face à la froideur de sa génitrice. Elle fixe désespérément ce verre d'eau pour éteindre cette incendie, né au fond de sa gorge, et qui se propage dans tout son corps. De la douleur. De la peine. De la colère. De la rage. Asha est une bombe à retardement et elle essaye de contenir toutes ses émotions qui la ravagent de l'intérieur, sans en laisser déborder une seule.

« De l'eau... s'il... essaye-t-elle de bégayer. »

Dans un soupir, Cléo se lève pour remplir le gobelet et le tendre à sa main valide qui tremble trop pour le soulever. L'aînée se résigne à le portée jusqu'à ses lèvres pour que la plus jeune puisse s'abreuver. Elle profite de la fraîcheur du liquide pour rependre ses idées bien qu'elle sait que cette accalmie ne sera que de courte durée.

« Regarde dans quel état tu es, reprend sa génitrice. Mais enfin, qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? »

Elle entrouvre les lèvres pour s'apprêter à répondre. La benjamine veut leur expliquer ce nouveau besoin de liberté, cette rencontre qui ne fait que la chambouler, cette envie de vivre tout simplement sa vie. Mais d'un geste sec, sa mère la fait taire avant qu'elle n'ait le temps de prononcer le moindre son.

« Cléo nous a tout expliqué.

- Je suis désolée, intervient la concernée. J'aurais dû vous le dire plus tôt, dès que j'ai su qu'elle voyait ce Pierre et qu'il la poussait à faire du vélo. Ça nous aurait évité bien des déconvenues. »

Asha tique. Ce Pierre. Elle ne peut qu'admirer les talents d'actrice de sa grande soeur qui essaye de montrer un détachement le plus total pour quelqu'un qu'elle se plaisait à fréquenter il y a quelques mois et qu'elle se vantait d'avoir embrassé. Mais c'est surtout le dédain qu'elle met dans sa voix qui lui fait le plus mal. Car le pilote est loin d'être une personne comme les autres à ses yeux. Il a été si doux, si patient, si bienveillant à son égard. Il a été un vrai ami. Et peut-être même un peu plus que ça.

« Ce n'est pas ta faute ma chérie, la console son père. »

C'est le monde à l'envers, un schéma défaillant qu'Asha a toujours connu. Mais aujourd'hui, elle se rend bien compte que c'est loin d'être la normalité, et que, plus important encore, elle est loin d'être obligée de subir tout ce qu'on lui impose.

REMÈDE - PIERRE GASLYजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें