41. Jamais.

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26 janvier 2020.

Pierre se délecte de la dernière fourchette de ce repas délicieux. Il ne peut s'empêcher de sourire alors que la jeune femme qui lui fait face ne cesse d'essayer de mettre des mots plus forts les uns que les autres sur l'expérience qu'ils ont vécu aujourd'hui. Elle finit par être à court de vocabulaire et le silence qui s'immisce entre eux n'est pas pesant.

Il est comblé par les airs de harpe qui s'enchaînent depuis que Asha a lancé une playlist, encouragée par le pilote avant qu'ils ne passent à table. C'est sa manière de partager à son tour sa passion avec lui. De le faire entrer dans son monde. Et d'amener un peu de chez elle dans cet univers qu'elle ne connaît guère.

Pourtant, la brune est loin d'être mal à l'aise. Elle se surprend elle-même du comportement qu'elle adopte lorsqu'elle se retrouve seule avec le normand. Elle apprécie qu'il la mette en confiance avec tant de facilité. Et elle ne pourra jamais assez l'en remercier.

« Tu veux un dessert ? demande-t-il la sortant des pensées vers lesquelles elle s'était laissé dériver, portée par cette mélodie qu'elle apprécie.

- Juste un thé, s'il-te-plait, elle décline. »

Pierre acquiesce avant de disparaître dans la cuisine et Asha en profite pour observer les détails de la décoration de l'appartement. Elle s'approche des casques de différentes couleurs mis en valeur sur des étagères et puis ses yeux se posent au dehors, sur les lumières qui maintiennent la ville en vie.

Les fines gouttes qui s'écrasent sur la baie vitrée depuis quelques heures commencent à s'épaissir. La pluie soudaine impose rapidement sa propre musique tout aussi apaisante aux oreilles de la brune. Elle contemple ce spectacle sans réussir à s'en détourner. Ses yeux ne se ferment que lorsqu'un éclair vient briser les nuages noirs. Ses dents se plantent dans sa lèvre inférieure et ses ongles s'enfoncent dans la chair de ses paumes quand le tonnerre retentit.

« Joli spectacle, non ? Elle sursaute alors que Pierre vient de se poster à ses côtés. Il déglutit en voyant toute sa joie qui s'est évanouie.

- J'ai... J'ai toujours eu peur de l'orage, avoue-t-elle.

- Viens par là. »

Il entrelace ses doigts des siens et la guide jusqu'au canapé où il l'invite à se blottir contre lui. La jeune femme ne se fait pas plus prier pour venir à son contact et inspirer ce doux parfum qui grise son esprit. Le normand attrape une télécommande posée sur la table basse et augmente progressivement le volume des enceintes. Le son de la harpe résonne dans toute la pièce et Pierre s'empresse de venir refermer ses bras autour de Asha pour l'apaiser en la berçant tout doucement.

« Tu m'apprendras un jour ? Elle lève vers lui un sourcil, intriguée. À jouer de la harpe, souffle-t-il. C'est sur ma liste d'apprendre un instrument.

- Avec plaisir. Mais tu ne veux pas commencer par autre chose ?

- Non, répondit-il catégorique. Ça peut être sympa de partager ça ensemble. »

Elle sourit à l'idée qu'il projette d'être toujours présent l'un pour l'autre dans les prochains mois. Petit à petit, et sans trop savoir comment il y parvient, Pierre rassemble les morceaux de son cœur émietté par les peines et souffrances endurées. Rien n'est encore recollé. Mais les pièces du puzzle commencent à s'imbriquer correctement les unes avec les autres.

« Ça serait un autre point à rayer de la liste, sourit-elle.

- En parlant de ça, il y a un rêve qu'on peut réaliser ce soir. »

REMÈDE - PIERRE GASLYDove le storie prendono vita. Scoprilo ora