Play with fire ( Tome 2 )

Dear Nora ...

Chère Nora,

Autant que je me souvienne, c'est de loin la première lettre que j'écris. Sans doute sera-t-elle aussi la dernière.

Une douzaine d'essais. Une douzaine de feuilles déchirées et jetées dans ma chambre. Juste pour essayer de te dire sur ce fichu morceau de papier ce que je n'ai pas réussi à te dire de vive voix.

Sache que je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur d'affronter tes yeux bleus remplis de rancœur pour te dire tout ce que je ressens et tout ces mots qui n'ont su franchir la barrière de mes lèvres lorsqu'il en était encore temps.

Je n'ai pas peur de toi. En vérité, la seule personne de laquelle j'aurais toujours peur, c'est sans aucun doute de moi-même.

De moi-même et de mes émotions qui m'effraient immensément.

Alors voilà, si tu tiens cette lettre entre les mains, c'est que je suis déjà parti. Peut-être pour toujours, seul l'avenir nous le dira. Mais je ne pouvais me résoudre à m'en aller sans que tu sache tout ce que j'ai sur le cœur.

Tout ce que je n'ai pas eu l'occasion de te dire et de t'avouer ces derniers mois.

J'ai compris mon erreur à l'instant même ou elle a été commise. Comme si une simple seconde avait suffit à retirer le voile qui se trouvait devant mes yeux. Comme si d'un simple clignement d'yeux, j'étais revenu sur Terre.

Mais au delà de ça, de part cette simple et minuscule seconde, j'avais surtout compris que je venais définitivement de te perdre.

J'ai longuement espéré te récupérer, parce que je refusais d'admettre que notre histoire venait de s'achever ce soir-là, ce soir qui aurait dû être le meilleur moment de notre vie. Ce soir qui aurait dû signer le début de notre aventure. Le début de nous. Mais j'ai rapidement compris que pour toi et pour ton bonheur, la meilleure solution était de me retirer définitivement de ta vie.

Sans doute douteras-tu de mes mots quand tu liras cette lettre. Pourtant, même si l'honnêteté n'a jamais été mon fort, je ne peux pas faire preuve davantage de sincérité qu'en écrivant au milieu de la nuit sur cette feuille.

Doutes de moi autant que tu le souhaites. Mais je te supplie de me croire, lorsque je t'affirme être amoureux de toi de la plus belle des façons. De la plus puissante des façons dont on peut aimer une personne.

Et malheureusement, je m'en suis rendu compte bien trop tard. J'ai compris que le seul moyen de mesurer la valeur de quelqu'un, de comprendre jusqu'à quel point nous pouvons aimer une personne ...

C'est de la perdre.

La vérité, c'est que ce mot me terrifie. L'amour. C'est quelque chose dont j'ignorais l'existence avant toi. C'est un monde nouveau dans lequel j'appréhendais de mettre les pieds durant toute ma vie. Et je n'ai pas honte de l'avouer.

J'ai peur de l'amour.

À vrai dire, je n'ai jamais eu de belle vision de cet aspect si précieux de la vie. Je n'ai jamais connu, étant enfant, une image de l'amour qui me donnait envie d'en rêver, qui me donnait envie de le vivre. La seule vision que j'en avais était liée à de la souffrance, de la douleur, du chagrin, et du déchirement.

C'est la raison pour laquelle je préférais me limiter à des coups d'un soir. C'était la seule solution pour garder mon cœur intact, quitte à briser celui des autres. Parce que je ne suis qu'un égoïste, et je préférais détruire les autres pour me préserver moi-même.

Et puis. Il y'a eu toi.

Ma meilleure ennemie. Une fille prétentieuse et capricieuse que j'aimais attaquer à longueur de temps.