Chapitre 3

106 30 10
                                    

LUKE

Lorsque j'ai vu cette annonce sur internet, je n'y croyais pas. Je venais d'achever ma formation, et malgré des stages, je n'ai jamais eu d'expériences professionnelles significatives, pourtant je suis là, dans un avion pour le Colorado.

Il y a deux jours, j'étais dans mon petit appartement, désespéré de ne pas trouver de poste dans ma ville. Mes économies devenaient critiques et je savais que je n'aurais pas pu tenir très longtemps. Et puis j'ai vu l'annonce qui venait d'être postée :

Cherche accompagnant(e) de vie avec compétences médicales, pour s'occuper d'une patiente dans l'incapacité de sortir. Vous vous occuperez de la divertir, de lui faire la lecture, de discuter avec elle, mais aussi de surveiller son état de santé quotidiennement. Logement sur place, nourriture fournie. Salaire au mois : 5000 dollars.

J'ai dû la lire deux fois de suite pour comprendre. Il ne demandait pas de compétences particulières hormis la partie médicale, de ce côté, j'avais ce qu'il fallait. J'ai longuement hésité avant de faire parvenir ma candidature par mail, seul contact laissé dans la publication. Je me suis dit que je devais tenter le coup, rien que pour le salaire. Avec ça, je suis sûr de ne plus jamais être dans le besoin.

Une chance !

Il faut dire aussi que s'occuper d'une personne âgée n'est pas le plus difficile de mon métier. Je vais être payé à lire et à jouer au scrabble toute la journée, il y a pire comme travail.

J'ai reçu une réponse une heure après l'envoi de mon mail. Le contenu stipulait que je pouvais commencer dans deux jours, et le courriel était accompagné d'un billet d'avion pour Denver. Même si ma candidature était en béton, j'étais étonné d'avoir un retour aussi instantané.

Le contenu du courriel indiquait que ma disponibilité immédiate, le fait d'être mobile et ma motivation les avaient séduits. Pourtant, au vu du salaire, ils ont dû recevoir un nombre incalculable de propositions, même si l'annonce datait de quelques minutes. Ou alors, ils ne voulaient pas s'amuser à éplucher les candidatures et ont sélectionné le premier postulant, moi.

Malgré l'enthousiasme que m'a procuré cette réponse, je restais prudent. L'annonce alléchante, la réaction rapide et le voyage pris en charge, c'était louche. Est-ce que c'est une arnaque pour dépouiller les gens de leur argent une fois sur place ? Est-ce un serial-killer qui recherche de nouvelles victimes ?

Cette histoire était dingue. Pourtant, je n'ai pas hésité longtemps. Je n'avais aucune attache ici, et le montant du salaire était trop avantageux pour laisser passer une occasion pareille.

L'hôtesse annonce la descente de l'avion, je vérifie que ma ceinture est bien attachée et je ferme les yeux, attendant que les roues touchent la piste.

Bienvenue dans le Colorado, Luke, pensé-je.

Une fois le portail de sécurité passé, je récupère mon bagage sur le tapis roulant et me dirige vers la sortie. Un vent froid pénètre dans ma veste en cuir, bien trop légère pour cet état montagneux. Je resserre les pans avec ma main libre, et cherche du regard un taxi.

— Monsieur Amstrall ?

Je me retourne et me retrouve face à un homme en costume gris, chapeau sur la tête. Si nous n'étions pas dans le Colorado, je l'aurais facilement confondu avec un mafieux, digne de la région de Chicago.

— Oui ?

— Bonjour, je suis le chauffeur de mademoiselle Jasper, je vais vous conduire au manoir, m'annonce-t-il dans un ton austère, avant de faire demi-tour et de se diriger vers une Audi noire.

Lune de sangWhere stories live. Discover now