Épilogue

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LUKE

Après les événements dramatiques survenus chez les Jasper, la vie avec Séléné a repris son cours tranquillement. Une fois que la police a achevé son enquête, les corps de nos défunts nous ont été rendus et nous avons pu organiser une cérémonie officieuse au sein du domaine, y compris pour Hector. Malgré mes réticences, Séléné a voulu l'inclure puisque d'un certain point, il n'était pas responsable de son état mental. Il avait le droit au pardon.

Cette femme est exceptionnelle.

Le jour des obsèques, qui se sont faites sous les rayons de la lune en plein hiver, quelques habitants se sont déplacés pour faire leurs adieux à la plus riche famille du Colorado, même Brycen, le responsable du bar, était là.

Nous avons fait incinérer les corps, et disperser les cendres sur les rives du lac. À la suite de la célébration, Simon nous a annoncé son départ. Il avait envie de voyager et visiter les pays que sa femme aurait voulu voir. Depuis, il nous fait parvenir des cartes postales régulièrement, la dernière en date représentait une des pyramides de Kheops. Sur chaque en-tête, il réserve toujours un mot à sa femme, comme un hommage.

Nous nous voyons cependant lors d'un dîner à chaque Noël. C'est Séléné qui a insisté pour continuer à conserver le lien avec son ancien intendant.

Ma lune continue d'être surveillée mensuellement par le médecin-oncologue, mais jusqu'alors aucune trace du moindre cancer. À chaque visite, je suis sur les nerfs. La peur viscérale de la perdre du même mal que ma mère ne s'échappe jamais totalement de mon esprit. Nous vivons donc au jour le jour. Comme le disait ma mère, « la vie est éphémère, il faut savoir en profiter au maximum ».

— Luke, si tu pouvais arrêter de rêver deux minutes et m'éclairer avant que je ne me casse une jambe.

Je sursaute en me rappelant où je me trouve. Je dirige la lampe torche vers Séléné, et lui prends la main pour l'aider à grimper les derniers mètres.

Malgré l'heure tardive – un peu plus de minuit –, le climat reste agréable. Le printemps revient doucement dans la région. Nous avons entrepris la randonnée derrière le domaine, depuis réouvert aux badauds qui le souhaitent.

— C'est une balade ou l'ascension du Mont Olympe, ton truc ?

Je ricane à sa réflexion. Elle a pris beaucoup d'assurance et je découvre toujours plus d'aspects de sa personnalité jour après jour. Je me suis confié sur mon passé, et de tout ce que j'ai pu faire sous l'influence de la drogue. Je ne voulais rien lui cacher.

J'ai eu peur que mon aveu la fasse fuir, mais au contraire elle m'a encore plus aimé.

— Allez, il reste quelques mètres, on y est presque, l'encouragé-je.

Nous débouchons enfin sur le plateau, et je la guide sur le bord pour qu'elle puisse admirer la vue.

Nos lampes éteintes, nous contemplons l'éclairage du parc qui se reflète sur chaque buisson formant la triple lune. Je souhaitais qu'elle découvre de ses propres yeux l'amour de ses parents.

— Waouh. Luke, c'est magnifique !

J'enlace Séléné et d'un baiser sur le front, je lui transmets toute mon affection.

Soudain le phénomène qui nous a poussés à monter ici se révèle à nous. Mutuellement, nous levons le regard vers l'astre nocturne.

Sa taille et sa couleur la rendent encore plus captivante.

La lune rouge.

Une manifestation si rare.

Ses rayons illuminent une partie de l'étendue d'eau en bas, et le lieu se transforme en un univers surnaturel.

Je souris en admirant l'astre cuivré, puis j'observe celle qui hante mes nuits, ma lune.

— Je t'aime.

Séléné tourne la tête vers moi, se penche pour m'offrir un de ses baisers que j'aime tant, avant de continuer à admirer la beauté des lieux.

— Et toi, tu n'es pas un prince charmant...

Ah ? Je ne sais pas comment le prendre.

En voyant mon expression dubitative, elle ajoute le sourire aux lèvres :

— Tu es mon soleil. Tu as réchauffé mon cœur.

Je m'esclaffe, la tête penchée en arrière.

— C'était facile, je suis sûr que tu peux faire mieux que ça.

Elle me tire la langue en représailles.

— Et bien, j'avais prévu de me servir de ma langue cette nuit pour te déclarer tout mon amour, enfin si t'es d'accord bien sûr, je ne voudrais pas te forcer à quoi que ce soit, me répond-elle d'une voix coquine.

Soudain serré dans mon jean, je lorgne sa bouche, affamé.

Ma lune, cette tentatrice.

Je l'attrape par le bras, et nous galopons presque jusqu'au manoir, son rire retentit dans tout le domaine, et je m'en délecte comme le plus acidulé des desserts.

FIN.

Lune de sangDär berättelser lever. Upptäck nu