Chapitre 33

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HECTOR

Lorsque je l'ai vue endormie dans cette chambre, j'ai senti la foudre s'abattre sur moi. Elle était si belle, là, en proie à la fièvre, se battant contre le virus qui avait investi son organisme. Je l'ai regardé pendant des heures, sans qu'elle en ait conscience. Et je suis revenu toutes les nuits après ça, incapable de résister à son charme.

Personne n'était au courant de mes visites. J'attendais que tout le monde s'endorme pour me glisser dans sa chambre. Parfois, je lui susurrais qu'elle était à moi, ma possession. J'ai même léché sa peau brûlante, un goût salé qui m'a totalement déstabilisé.

Elle était mon salut après toutes ces années de souffrance au centre psychiatrique. J'en voulais à ma génitrice de m'avoir placé là depuis mon enfance. J'avais bien conscience que je n'étais pas un enfant comme les autres, mais cet abandon m'a plongé dans une telle tourmente que je me suis laissé emporter par la folie. C'est à elle d'ailleurs que je dois ma survie au sein de cet institut. Et à ce journaliste qui a balancé les mauvais traitements que nous subissions. Ma mère n'a pas eu le choix de me ramener avec elle, et j'avais peur qu'elle m'interne ailleurs. Seulement, par je ne sais quelle magie, elle a réussi à convaincre ses employeurs de m'accueillir.

Sombres crétins.

Il avait laissé le loup entrer dans la bergerie.

Je n'avais que 16 ans quand j'ai découvert l'immensité du domaine pour la première fois, j'étais impressionné. J'ai vite déchanté à la vue du patriarche du manoir, et à son regard inquisiteur. Il savait. À la seconde où je suis entré chez lui, il avait compris que mon génie dément allait provoquer des drames.

Et quand sa femme m'a surpris dans la chambre de sa fille, elle est allée tout raconter, cette sale sournoise. J'ai alors compris qu'on allait me virer de cet endroit, et par la même occasion m'éloigner de Séléné. En prime, il a menacé ma mère de renvoi. Je devais intervenir, vite.

L'instinct a pris le dessus : éliminer le danger. Voilà ce qu'il me répétait sans cesse.

J'ai volé le couteau le plus aiguisé dans la cuisine, et j'ai attendu l'heure de leur promenade nocturne pour attaquer. Je me suis jeté sur lui comme un forcené, plongeant l'arme profondément dans sa chair.

La sensation de percer la peau était presque jouissive. Un moment qui restera un de mes meilleurs souvenirs.

Sa femme hurlait, je m'en délectais jusqu'à que ses cris alertent l'inutile mec de ma mère. J'ai alors tranché sa gorge pour l'obliger à se taire. C'est à ce moment que j'ai remarqué Séléné. Elle était avec eux pendant tout ce temps et aveuglé par ma rage, je ne l'avais pas vue. Le sang coulait le long de mon visage, mais je ne le sentais pas, seules les prunelles paniquées de Séléné m'intéressaient. Sa robe était tâchée de liquide écarlate, le sol en était recouvert, c'était tellement satisfaisant que j'en ai ri, la tête penchée en arrière.

Plus aucun obstacle ne pourra se glisser entre elle et moi.

Je me suis approché d'elle, encore sous le choc elle ne prononçait aucun mot, seuls ses membres tremblaient. Ma main a touché sa joue, j'étais à un souffle de ma possession.

Je voulais lui montrer qu'elle m'appartenait, et un baiser me semblait la meilleure des manières de lui transmettre mon amour frénétique.

Mais le bras de Simon m'a tiré loin d'elle, et j'ai hurlé ma fureur.

« Qu'as-tu fait ? » entends-je encore dans mon esprit de la part de ma mère qui venait d'arriver à nos côtés.

Rien.

Lune de sangUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum