Chapitre 11

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SÉLÉNÉ

Il m'a vue.

Il m'a regardé me caresser.

Je devrais être mortifiée, et dans un sens je le suis. Pourtant, une étincelle de fierté s'est allumée en moi en remarquant ses pupilles dilatées.

Il a aimé ça.

Ou est-ce que mon esprit extrapole ce moment ? Non, je me souviens encore de la bosse qui déformait son pantalon avant de s'enfuir loin de moi.

Est-ce que j'aurais voulu qu'il s'avance dans la pièce et qu'il me rejoigne ?

Sans hésitation, oui.

Je n'étais pas encline à partager mon repas hier soir, Tania m'a ramené un plateau pour que je puisse dîner dans ma chambre. Une fois dans le lit, je n'ai pas réussi à m'endormir alors j'ai voulu lire un roman pour passer le temps en attendant que le sommeil me gagne. Je me suis donc empressée d'aller en chercher un dans la bibliothèque. Finalement cette pièce est tellement rassurante que j'ai préféré séjourner ici pendant ma lecture plutôt que de retourner me cacher sous les draps. Je ne m'attendais pas à tomber sur une scène sensuelle en le lisant, mon cœur s'est emballé et j'ai eu envie de me donner du plaisir, ici, dans cette pièce. Je n'ai aucun regret, car j'ai même perturbé mon sexy infirmier.

Je crois que la solitude me pèse tellement que j'en deviens perverse. En même temps, je n'ai jamais connu d'homme, je suis si curieuse. Et ce n'est pas comme si des prétendants sonnaient à la porte du manoir. Alors est-ce si mal de lorgner son infirmier ? De vouloir ses mains et sa bouche sur mon corps ?

Finalement, Luke pourrait être mon salut. Et il pourrait aussi devenir une expérience sociale et sexuelle, comme un essai avant le grand saut. Peut-être même la belle histoire d'amour dont tout le monde rêve en secret.

C'est décidé, je dois tenter de faire craquer cet homme, et lui prouver que la petite Séléné peut être une femme.

Motivée par mes pensées, je me lève et ouvre la penderie pour trouver la tenue parfaite pour la journée. Des robes empires, des jupes crayons, des pantalons en lin... rien de transcendant. La faute à mon enfermement, comme je n'ai jamais eu l'occasion de « draguer », je n'ai pas un vêtement qui pourrait me mettre en valeur.

La poisse !

Dépitée, j'abandonne le placard décevant, et me dirige vers la salle d'eau accolée à ma chambre. Comme la plupart des pièces du manoir, la mienne possède sa propre salle de bains privative. J'ôte ma chemise de nuit, et contemple mon reflet dans le miroir.

Une chevelure brune trop longue, un corps maigre, une poitrine presque inexistante, et des fesses plates. Je glisse ma main le long de mes côtes en essayant de trouver quelque chose d'attirant. J'ai un ventre plat, sûrement dû à mon appétit d'oiseau, et ma peau est douce grâce à la crème à la fleur d'hibiscus dont je me badigeonne chaque jour.

Je suis loin des standards de beauté des magazines. Surtout avec cette couleur de peau blanchâtre. Maladive.

Mon corps fait finalement écho à mon état d'esprit. Il est aussi mort que mon moral.

Comment puis-je croire que Luke sera attiré par ça ?

On toque à la porte, m'interrompant dans mes réflexions.

Je m'empresse de saisir une serviette et entoure mon corps avec, avant d'aller ouvrir la porte de la chambre.

J'accueille Tania dans un sourire de façade.

— Bonjour Mademoiselle Séléné, votre nuit était reposante ?

Mmh, je dirais même orgasmique.

Lune de sangWhere stories live. Discover now