Chapitre 8

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LUKE

Aucun endroit n'a été épargné, le sang coule de mes draps crème, des rideaux du lit baldaquin, et même mes livres sont noyés sous le liquide rouge écarlate. Il n'y a plus aucun centimètre carré de sec.

Je suis sous le choc. Qu'est-ce qui s'est passé, ici ?

Une silhouette furtive entre dans mon champ de vision et je découvre Tania qui se précipite vers moi, les yeux ronds en découvrant le liquide sur le sol.

— Quelle horreur ! Qu'avez-vous fait, Monsieur Luke ? hurle-t-elle dans le couloir.

Interloqué par sa question, je réplique :

— Et bien, j'ai voulu me faire un bain de sang, ça se voit, non ? ironisé-je en le foudroyant du regard.

La bouche de l'intendante s'entrouvre, les prunelles hagardes devant l'aspect désastreux de la chambre. Elle secoue la tête comme si elle avait besoin de retrouver ses esprits.

Oui, Tania, c'est bien réel.

Ce que je constate en premier, c'est l'absence de corps. Pas un morceau de peau ni d'organes n'est présent dans la pièce. Alors d'où provient tout ce sang ? Au-delà de la panique qui me saisit, je commence à réfléchir à ce que je vois.

— Il y en a trop...

— Comment ? demande Tania.

— Un seul humain n'a pas autant de quantité de sang dans le corps, affirmé-je d'une voix légèrement tremblante.

Mes yeux continuent de fixer le massacre qui a eu lieu dans la chambre. Impossible de me détacher de ce liquide écarlate.

— Est-ce que vous êtes en train de dire que... mon Dieu !

Je me retourne vers Tania, son visage toujours aussi confus.

— Oui. Il se pourrait que le sang présent dans la pièce vienne de plusieurs victimes.

Je reste calme, mais je ne suis pas rassuré, mon cœur résonne dans ma cage thoracique, provoquant des palpitations jusque dans mes doigts. Je ne sais pas qui a pu faire ça, mais je comprends l'intention. Quelqu'un souhaite m'effrayer.

Et cela fonctionne, me dis-je.

Si je m'écoutais, je partirais loin d'ici, prenant le premier avion disponible pour la Floride. Sauf que j'ai décidé il y a des années que je ne devais plus me comporter en lâche. Je veux que ma mère voit la personne que je suis devenue. Et j'ai un travail, ici. Une jeune femme compte sur moi. Je ne vais pas fuir pour un peu de sang, même si j'en ai très envie.

Bon, ok, beaucoup de sang.

Il ne faut surtout pas que Séléné découvre ça, elle risque de s'affoler. Elle est déjà fragile en ce moment, enfin d'après les dires de son intendante. Tania m'a parlé de sa sensibilité, et surtout de l'absence de ses parents qui mine son moral. Alors si elle quelqu'un lui révèle l'horreur de cette chambre, je ne sais pas comment elle pourrait réagir.

Il faut tout faire disparaître.

Et vite.

Les hurlements de Tania l'ont peut-être déjà réveillée, après tout nous sommes au même étage.

— Allez chercher ce qu'il faut pour éponger et nettoyer, Tania. Demandez à votre mari de nous aider. Et mieux vaut taire cet événement pour l'instant, Séléné ne doit pas être mise au courant. Nous allons assainir puis condamner la chambre.

— Bien sûr, Monsieur Luke. Et je vais vous trouver un nouvel endroit pour dormir, précise-t-elle avant de détaler dans le couloir.

Je déteste quand elle m'appelle comme ça, je ne suis pas un aristocrate, dans ce manoir j'ai le même statut qu'elle, je suis un domestique.

Lune de sangWhere stories live. Discover now