Chapitre 29

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SÉLÉNÉ

Du sang.

Partout autour de moi.

Le liquide dégouline le long de silhouettes floues.

Je hurle.

Un bruit de porte qui claque, des pas retentissent, puis des mains sur ma joue.

— Séléné.

Une voix m'appelle, pourtant je continue de crier, je ne vois que des corps décharnés devant moi.

— Séléné, réveille-toi, entends-je alors que l'on me secoue vivement par les épaules.

Ma lune.

Mes yeux s'ouvrent à ce surnom.

Je cligne des paupières, reprends pied dans la réalité. Je suis dans mon lit. Luke est à mes côtés, et ses doigts entourent mes bras. Les membres toujours tremblants, j'essaye d'analyser mon environnement.

Je ne suis plus devant le lac, et il n'y a pas de sang sur moi.

C'était encore ce cauchemar.

Juste un mauvais rêve, tenté-je de me rassurer.

Je fais comprendre à Luke d'un regard que je me sens mieux. Il me relâche ce qui me permet de m'adosser contre la tête de lit. Je remarque ensuite la couleur des mains de Luke. Est-ce que c'est de la boue ? L'image de cette salissure me renvoie un flash de mon cauchemar, et je me crispe.

Je pince ma peau pour me prouver que je suis bien réveillée. La pointe de souffrance que je ressens me rassure.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? me demande Luke légèrement soucieux.

Je déglutis difficilement, encore ébranlée par cette vision horrifique.

— J'étais dans le parc, il faisait nuit. Et il y a ce sang sur le sol, il coulait comme une rivière. Il m'inondait, j'en avais partout sur moi, soufflé-je avant de poser de nouveau mes yeux sur sa peau salie et écorchée. Qu'as-tu fait, Luke ?

Il baisse les yeux sur ses propres mains, puis jure.

— Je vais prendre une douche, et je t'explique. Tu te sens capable de rester seule ?

— Oui, vas-y, mais utilise ma salle de bains, je ne veux pas que tu sois loin de moi.

— Je reviens vite, ma lune.

Il s'éloigne et disparaît derrière la porte du cabinet de toilette. Je ne tarde pas à entendre le jet d'eau de la douche italienne. Je me laisse tomber le long du cadre de lit, pour atterrir le dos sur le matelas. Je me couvre de la couette, le froid me cisaille la peau, ce qui me perturbe c'est que j'ai l'impression qu'il vient de moi.

Je n'arrive pas à retirer de mon esprit ce cauchemar. Et toute cette hémoglobine. Dès que je clos les paupières, je ne vois que ça.

Je décide de fixer le plafond en attendant Luke. Je me redresse en le voyant s'approcher du lit. Une pensée me traverse l'esprit. Je suis trop agitée pour dormir, et terrifiée de replonger dans mes songes cauchemardesques, j'ai besoin de son contact pour effacer ces images.

Torse nu, avec pour seul vêtement son jean taché de terre, je m'installe au bord du matelas, et pose les mains sur ses hanches.

Il m'interroge du regard.

— J'ai besoin de toi pour aller mieux, avoué-je avant de glisser les doigts sur l'hématome toujours présent sur le flanc gauche. À genoux pour m'approcher plus facilement, je dépose un baiser sur sa peau meurtrie.

Lune de sangWhere stories live. Discover now