Chapitre 31

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Quelques heures plus tôt

LUKE

Avec Séléné, nous nous sommes couchés à la lueur de l'aube. Le réveil qui repose sur la table de chevet m'indique l'heure tardive. L'après-midi est déjà bien entamée. J'étais si fatigué que j'ai sommeillé plus de dix heures. J'observe Séléné toujours endormie, puis me lève pour confronter le couple d'intendants. Je n'ai certainement pas oublié les deux corps enterrés dans la cave. Même si l'endorphine déclenchée par ma partie de baise avec Séléné m'a pompé toute mon énergie, je me dois de leur arracher la vérité. Je recouvre le corps nu de ma bien-aimée d'une couverture épaisse avant de sortir de la pièce.

J'ai conscience que j'ai abusé hier soir. Je n'aurais pas dû profiter de la fragilité de Séléné, mais quand sa bouche s'est posée sur mon sexe, mon cerveau s'est éteint. J'étais sous l'influence de mon désir.

J'avais un appétit vorace de sa peau, de son odeur, de ses cris. Je me nourrissais de tout ce qui fait d'elle ma lune. Cette femme détient le pouvoir depuis le début, elle est la reine de son royaume, et de mon cœur. Elle peut faire tout ce qu'elle veut de moi. C'est à la fois déstabilisant et ravissant.

La beauté du danger de l'amour lié à la passion.

Je ne prends même pas la peine de boire un café corsé, je file vers le cottage des intendants juste après avoir tenté de refermer la porte de la cave et ramasser les preuves de mon méfait. On remarque facilement le loquet brisé, je ne peux pas faire de miracle, disons que si l'on ne tourne pas la tête vers cet espace du hall, on peut passer à côté sans remarquer que l'accès est libre.

Je suis bien décidé à forcer les gérants à m'avouer la raison du décès des parents, parce que je suis convaincu que ce sont eux au sous-sol. En même temps, qui seraient-ils sinon ?

Je quitte la maison par la porte de service, le manteau bien fermé – récupéré dans la chambre de Séléné –. La grisaille mine encore mon moral. Quand je pense que j'ai dû taire ma découverte macabre à Séléné me fend le cœur, seulement je n'avais pas la force de lui avouer. Surtout après le cauchemar qu'elle a vécu. La violence de ses tremblements, sa voix chevrotante, ça l'a beaucoup secoué.

Ouais, mec, et toi tu l'as baisé pour la réconforter, me fustige ma conscience. Je lui ordonne de la fermer. Je ne souhaite pas penser à ça pour l'instant. Le plus urgent est de mettre fin à cette mascarade qui semble envelopper la famille Jasper depuis trop longtemps.

À mon arrivée, je perçois des cris à travers la porte entrouverte de la demeure. Une dispute, je présume. Je m'avance sur le porche et espionne le couple.

— Pourquoi tu ne m'en pas parlé avant ? Tu aurais dû me tenir au courant de tes agissements ! Regarde dans quel état, tu es ! Tu dois marcher avec une canne. Est-ce que ça méritait vraiment de te pourrir la santé ?

— Chérie, ça n'a rien avoir ! Tu sais que cet incident est dû à cet abruti d'infirmier ! Je te rappelle que c'est lui qui m'a frappé. C'est sa faute si je suis si affaibli.

— Peut-être qui si tu avais gardé ton calme quand Mademoiselle Séléné a découvert la cave, tout ceci aurait pu être évité. Je dirais même que si tu n'avais pas été aussi impliqué dans les menaces à l'encontre de Monsieur Amstrall, tu aurais encore la capacité de te baisser pour récupérer le bois.

Quoi ? Simon est l'administrateur des menaces ? Même si je m'étais préparé à cette éventualité, le choc de la révélation me stupéfie. Je ne fais pas attention aux voix qui se rapprochent, et prends conscience trop tard de la porte ouverte et d'une paire de prunelles qui me fusille du regard.

Lune de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant