Chapitre 20

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LUKE

C'est bon. Putain de bon.

C'est mal que ce soit aussi succulent. C'est le meilleur des aphrodisiaques, pensé-je en poussant ma langue en elle, en épousant la moindre de ses formes avec mon corps. Les mains crispées autour de sa taille, je résiste difficilement à les promener sur sa peau.

Quand je suis entré dans cette chambre, j'avais l'intime conviction que ma résistance allait s'étioler de minute en minute. Je ne me suis pas trompé. Je suis pourtant venu dans la plus pure des intentions. Séléné était blessée et j'ai voulu m'en occuper, la chérir surtout après sa révélation.

Je repense à ses paroles envers Tania, et à son ton si intransigeant. C'est comme si Séléné avait évolué, elle n'est plus tout à fait une enfant, mais pas encore une adulte à part entière. Cependant quand je l'embrasse, je ne vois que la femme en elle. Charmante jusqu'au bout des ongles.

Ses doigts dans mes cheveux, ses pupilles dilatées, la douceur de ses lèvres. Je suis esclave de mes sens en sa présence. Elle est bien plus qu'une tentation, elle est mon ensorceleuse.

J'aimerais que ce baiser dure éternellement, mais je la relâche pour reprendre mon souffle. Ses lèvres m'échappent et je ressens déjà le manque.

Putain de camé.

Je l'ai laissée venir vers moi, Séléné savait que je ne pouvais briser la limite moi-même. Alors, elle a fait ce pas en avant à ma place, et vu la façon dont mon érection cogne contre mon jean, cela me plaît beaucoup.

Est-ce que c'était son premier baiser ?

La question que je pose dans mon esprit semble se refléter sur mon visage puisque Séléné prend la parole.

— Je n'avais jamais... C'est la première fois que je pose mes lèvres sur celle d'un homme.

Un élan de fierté me traverse, je suis le premier. Je lui ai volé cette innocence, et je ne regrette pas un seul instant.

Je me redresse, ôtant les mains de ses hanches. Je m'écarte d'elle pour tenter de retrouver la raison avant que mon envie de la renverser sur les draps ne prenne le dessus.

La distance soudaine entre nous me fait prendre conscience de ce que je viens de faire.

J'ai embrassé Séléné.

J'ai profané sa bouche si pure.

Et j'aspire à tellement plus. Je l'imagine contre les rayonnages de la bibliothèque, la robe relevée, pendant que je m'affaire entre ses jambes avec ma langue. Je la vois déjà nue, alanguie sur les draps, la poitrine marquée par mes baisers.

Ces images érotiques ne m'aident pas à garder mon sang-froid, pourtant il le faut.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû... commencé-je en triturant mes cheveux d'une main.

— J'en avais envie, Luke. Je t'en prie, ne te flagelle pas. Ce n'est qu'un baiser.

Son tutoiement me perturbe. J'ai l'impression de briser une barrière de plus entre elle et moi, bientôt il n'y aura plus rien pour nous séparer, et je pourrais dire adieu à mon poste.

Mais est-ce que je m'en soucie encore ?

La femme en face de moi me fait sentir différent. Elle apaise l'ouragan en moi. Est-ce que j'ai envie de quitter cette sensation agréable ?

Je suis un égoïste, parce que je n'en ai pas la moindre ambition. Séléné me nourrit d'espoir, elle me prouve que Luke Amstrall n'est pas cassé.

Lune de sangWhere stories live. Discover now