Chapitre 8 ✔️

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E N E K O


          Mon cœur se serra. Une force cherchait à se soulever sous ma poitrine, en vain. S'ensuivit une panique aiguë qui me plongea dans la terreur... jusqu'au dernier sursaut. Mes yeux s'écarquillèrent dans l'obscurité. Je n'avais pas rêvé.

La sueur s'égouttait sur ma peau moite.

Cependant, un orbe me tournait autour, hérissait mes poils, tel un spectre. Je scrutai ma chambre, mais rien n'attirait mon attention. Une crise de panique ? Impossible. Une paralysie ? Non... Cet apeurement n'avait pas été provoqué par mes propres craintes. Il venait d'autre part. Une énergie ravivait la chaleur de mon torse, elle agitait... ma flamme. Quelle sensation particulière ! Digne d'une fièvre agréable.

Soupire, Eneko, tout va bien.

Je me levai, mais mon bras céda à l'effarement. Je m'écroulai dans un tambourinement tumultueux. On avait aspiré ma force. Malgré tout, je boitai, tout tremblotant, vers la fenêtre entrouverte pour dégager les volets qui me séparaient des rayons du soleil.

Ces derniers, chaleureux, m'aveuglèrent. La rétine brûlée, un seul nom aussi étincelant me vint à l'esprit.

Malek.

Sans interruption, je me hâtai vers ma commode et y saisis mon téléphone pour lui envoyer un message. Était-ce vrai ? Pouvais-je percevoir ses ressentiments ? Cette impression ne me brouillait pas pour la première fois, alors à moins que ce soit un fantôme qui m'ait attaqué... Hmpf. Vu la tournure des événements, cela ne m'étonnerait pas.

MOI : Ça va ?

La question que j'aurais dû lui poser plus d'une fois. Après notre première rencontre, ou celle avec Sonja qui m'avait renvoyé ici, les idées conflictuelles. La culpabilité d'avoir causé l'accident de Malek m'avait écrasé. J'avais sauté sans penser aux conséquences – du moins, pas aux conséquences directes, et encore moins concernant des inconnus.

Heureusement, sa réaction face à cette histoire d'ange m'avait réchauffé, telle la première éclaircie qui suivait une tempête, et je m'étais dit que peut-être, le destin avait claqué des doigts, et qu'il n'avait plus de raison de m'en vouloir – non pas qu'il avait l'air de m'en vouloir, dans tous les cas.

MALEK : paralysie du sommeil.

Je restai planté là dans ce taudis semi-organisé de longues minutes. Ces paralysies, survenues en masse depuis mon E.M.I., m'effrayaient plus que quoi que ce soit d'autre. L'idée d'avoir ressenti celle de Malek à travers cette flamme me paraissait invraisemblable, mais là encore, l'était-ce ? Nous n'étions plus à ça près.

Je balayai ma chambre du regard. Ma couverture jonchait le sol boisé caché d'un tapis synthétique. Le désordre se reflétait aussi par mon sac, mes affaires de lycée stériles et le déferlement de feuilles sur mon bureau.

Je devrais arrêter de me morfondre.

J'avais de la chance d'être là.

J'aurais tout de même espéré plus de sa part, au moins une explication plus détaillée de ce qui venait de se passer, mais étonnamment, il semblait plus réservé que moi à ce sujet. Essayons avec Sonja.

MOI : C'est normal que je ressente ce que Malek ressent ? Je commence vraiment à m'inquiéter...

SONJA : Comment ça ?

MOI : Il vient d'avoir une paralysie du sommeil et j'ai eu l'impression de la vivre aussi, mais j'étais réveillé.

Au moins une information, en attendant la prochaine séance avec Prairie, aurait été la bienvenue, mais je me méprenais sans doute. Le message prit son temps à arriver. Elle devait réfléchir.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant