Chapitre 16.2 ✔️

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M A L E K


          Mon rythme cardiaque accéléra. Je les voyais, ils flottaient avec leur apparence démantelée à moitié matérielle. Depuis quand nous tournaient-ils autour ? Mes poils se hérissèrent dans un bouillonnement, comme avec la Mara. Pas encore, pas encore...

Je ne voulais pas décevoir. Je refusais que l'on me prenne pour un faible comme la dernière fois. Ils connaissaient mon dégoût face à ces phénomènes paranormaux. Je devais m'en débarrasser pour de bon. Qu'ils me laissent tranquille !

Allez... Je l'avais déjà fait, je pouvais le refaire, pas le choix. Ces effilements obscurs me donnaient des sueurs froides, mais je me concentrai sur ce qui se passait à l'intérieur. Ma flamme portait mon sang à ébullition et je me raidis.

C'était exceptionnel.

Une fureur luttait contre ma peau, la même qui m'avait pris de court ce matin-là. Mes paupières s'abaissèrent. Mes membres s'élancèrent et je perdis tout contrôle. Je n'étais pas en transe, mais presque.

Mes organes se tordaient plus à chaque effort — j'allais m'évanouir. Mon épiderme cramait, mon cœur incinérait tout ce qu'il chopait. Mes pensées se brouillaient, mon cerveau s'écrasait contre lui-même.

Je sentais mon objectif m'effleurer, alors je hurlai de rage. Toutefois, mes cordes vocales restèrent silencieuses.

Je n'en avais plus.

Je pris une grande inspiration. Je flottais. Oui... J'avais réussi ! Même si mon corps était toujours debout, les alentours s'étaient ornés d'une brillance azurée et je m'élevais, léger comme une plume. Je pouvais discerner les démons — des malformations aux yeux destructeurs.

Je n'avais plus peur. Mon âme avait perdu toute enveloppe charnelle, mes fibres glissaient entre les particules d'air avec une aise déconcertante. Je braillai à pleins poumons, ou du moins, j'en avais l'impression — c'était ma flamme qui se consumait et faisait office de cri. En quelques instants, l'air fut nettoyé de toute tache démoniaque, emportées par le vent.

Un poids me tira vers le bas. Toute mon énergie s'évapora. Je lâchai prise et m'engouffrai dans les ténèbres.

Des picotements me réveillèrent. Je tentai de m'envoler pour me séparer de cette terre moulue, mais une coque m'en empêchait — mon corps... j'étais revenu. Un bien-être doux régnait dans mon esprit. Après quelques fourmillements, je décollai mon visage des brindilles d'herbe. Eneko et Sonja m'admiraient, l'un muni d'un bâton, prêt à me tâter pour vérifier si je respirais. Un léger rire m'échappa à l'idée de ce qu'il s'était passé.

— On a réussi ?

— Toi, oui, affirma la brune.

Malicieux, les petits yeux bleus d'Eneko me sourirent. Ses cheveux châtains se mêlaient au vent qui les soufflait : ils paraissaient doux, tout comme sa barbe qu'il gratta. Je pris une grande inspiration et me rassis. Ce qui venait de se passer... dépassait toute attente.

— J'ai presque envie de l'refaire.

— Ah, non ! T'as pas encore repris toutes tes forces...

Elle releva ses épaules.

— Mais maintenant que vous savez faire ça, les voyages astraux seront plus faciles.

— Voyages astraux ?

— Oui, c'est à peu près la même chose, sauf que tu dors. Un peu comme un rêve, mais pas vraiment, en fait. Tu dors, mais ton esprit s'élève et tu peux... te balader où tu veux, interagir avec d'autres âmes. Faut juste faire attention, parce que si tu ne reviens pas à temps, on va croire que tu t'es évanoui et tu vas vraiment tomber dans les pommes.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtМесто, где живут истории. Откройте их для себя