Chapitre 13.1 ✔️

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M A L E K


          Le cercle solaire tombait dans l'horizon agrémenté de bâtiments urbains et disparates. Un orange éclatant se noyait dans les quelques nuages qui badigeonnaient le ciel, de quoi me faire souffler. J'avais déballé toute ma rage sur ce pauvre gars et n'en étais pas fier.

Si je n'avais pas bu, je l'aurais peut-être évité... C'était de sa faute autant que c'en était de la mienne, et malheureusement, ça, ma fierté l'avait omis de ma tirade. Le mal était fait. Plus besoin de le ressasser.

Mon portable vibra.

SONJA : Je viens de sortir du café, essaie de me croiser pour voir. J'ai trouvé pas mal de choses sur les rêves.

Elle m'envoya son adresse en cadeau et m'arracha un gloussement.

Je ne savais pas pourquoi elle se montrait si mystérieuse et aguicheuse, mais ça m'amusait, voire me plaisait. Je me ruai vers l'Angélique, son lieu de travail, prêt à retracer l'ensemble du chemin pour la retrouver. De toute évidence, elle ne garderait pas ce qu'elle avait trouvé pour elle. Après l'altercation avec Anaël, ça serait borné de sa part.

Au bout de quelques minutes, je reconnus la silhouette de l'étudiante remuer sur le trottoir.

— Sonja !

Son short serré laissait ses jambes à l'air et mettait en valeur des formes certaines. Ses courts cheveux noirs flottèrent au vent lorsqu'elle se détourna du soleil. Le contre-jour obscurcissait son visage, mais elle faisait de l'ombre au paysage. Je me hâtai pour la rattraper.

Une fois proches, ses yeux perçants brillèrent, embellis par sa peau nacrée. Ses lèvres pansues, couvertes d'un violet profond, s'étirèrent. Je me penchai pour lui faire la bise. De crainte que son maquillage marque mes joues, je frottai ces dernières. Sonja replaça une mèche, comme si elle attendait que j'engage la discussion, alors je m'exécutai.

— C'pas trop barbant de travailler au café ?

— Non, ça va. Y'a de nouvelles têtes tous les jours et j'ai toujours une longue pause, du coup j'ai le temps d'aller... en bas.

— En bas ?

Anaël avait mentionné l'Angélique. Qu'est-ce qu'un bar pouvait cacher ? De toute façon, Sonja s'éloigna du sujet, nous jugeant pas encore prêts. Je ne pouvais que lui faire confiance, elle savait mieux que nous ce qu'elle disait. J'évitai donc de l'assommer de questions.

— D'ailleurs, je me suis renseigné, avoua-t-elle, mais vous devez comprendre que vous êtes réellement spéciaux. Je veux dire, vous êtes nés en même temps. Vous êtes les seuls en vie, comme ça.

— Et alors ? Ça veut dire quoi ?

— Qu'il y a potentiellement beaucoup de choses qu'on peut pas savoir.

— Et donc, t'as trouvé quoi ?

— Viens.

Elle s'éloigna et je lui emboîtai le pas comme un chien suivant son maître. D'après mon GPS, elle rentrait chez elle, alors autant l'accompagner. J'arriverais à la maison plus tard, ce qui ne me dérangeait pas – plus les jours passaient, moins je me sentais proche de ma famille, ou en tout cas, moins ils m'accueillaient à bras ouverts.

— Déjà, les anges rêvent souvent. C'est normal. Puisqu'on peut se dématérialiser, tout ce qui relève de l'immatériel est plus facilement contrôlable, y compris dans les rêves.

— Avec Eneko, on s'est renseignés sur les rêves lucides.

M'entendre articuler son prénom me hérissait les poils autant que ces... fantômes. J'avais traîné, là-bas. Pourquoi ne les avais-je jamais remarqués auparavant ? La réponse me parut simple : il ne m'avait jamais accompagné avant. Il les avait amenés. Bordel, pourquoi regrettais-je mon coup de gueule, alors qu'il le méritait ? Je souhaitais devenir une meilleure personne... ouais. Saisir la deuxième chance que la vie m'avait offerte. Mais ce gars me compliquait la tâche.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now