Chapitre 30.1 ✔️

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M A L E K


          Un tiraillement bref bref m'arracha des griffes du sommeil pour me plonger dans une torpeur sans nom. Sonja, à califourchon sur moi, m'analysait.

— J'ai vu Eneko, me hâtai-je.

— OK, tant mieux pour toi, parce que le cheval m'a bien fait galérer !

Je réactivai aussitôt mes sens et jetai un œil aux alentours. Nous étions en intérieur. La forêt avait disparu et la basse luminosité ne me permettait pas d'identifier l'endroit où on m'avait emmené.

— Le cheval ?

— Ouais... Heureusement, la Skogsra est venue m'aider. La dernière chose que j'ai vue, c'était elle en train de le traîner par terre, souffla-t-elle. Et en parlant de traîner... t'es vachement lourd. Merci.

— Désolé, bredouillai-je, mais j'ai réussi. J'ai réussi à contacter Eneko, mais il est dans un sale état, faut qu'on se dépêche.

Aidé par Sonja, je me remis sur pieds. Son regard appuyé, toutefois, signifiait quelque chose qui me passa à côté.

— Allez, on y va ! insistai-je.

— OK, c'est toi le patron, mais on va où ?

Elle écarta les bras dans un désespoir fatigué.

— J'ai cherché. Y'a rien. Juste une énorme cabane vide avec une cave en béton armé.

— T'te fous de moi ?

— J'ai juste trouvé ça.

Elle me lança un pistolet que je rattrapai grâce à mes réflexes. Mon regard alterna entre la fille et l'arme. Je n'en avais jamais utilisé.

— Tu comptes pas sur moi, j'espère.

Elle le pointa.

— Il y avait quelques balles avec. J'en ai profité pour recharger un peu le mien.

Ce sous-sol puait la banalité, comme prévu. On aurait cru à un bunker pour la fin du monde, si seulement l'escalier se refermait. On y trouvait de la nourriture en conserve périmée, des meubles, mais rien nécessitant de l'électricité. De longues minutes passèrent à la recherche d'une issue. La lampe torche de nos téléphones nous permit toutefois de repérer quelque chose.

— Putain, sous les vêtements !

Une pile d'habits sales dissimulait une trappe secrète ouvrable par un manche noir. Malheureusement, un cadenas décoré du double A d'Aversion nous empêchait de la soulever. La brune tira une balle pour le détruire. Malgré la taille et le poids de la trappe, on réussit à l'ouvrir. Un escalier caché se dévoila. La jeune femme descendit la première.

— J'ferme ou pas ?

Après un temps d'hésitation, elle me répondit.

— Non.

Je la suivis donc pour explorer ce sous-sol étrange sans toucher à quoi que ce soit. Un couloir sombre, vide et solitaire menait à un autre escalier que l'on dévala pour se rendre plus rapidement vers notre objectif.

L'atmosphère s'épaissit et alourdit mes épaules. Ce n'était pas un simple coup de stress, mais l'activité démoniaque. L'endroit puait l'angoisse et la malsanité. J'avais l'impression de respirer le même air que les morts. Des hurlements retentirent en de multiples échos. Ils pourraient provenir d'une autre dimension, je ne remarquerais rien... J'en avais froid dans le dos.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now