Chapitre 37 ✔️

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          Je crois entendre des bruits de pas se rapprocher. Je ne saurais que dire. L'oreille collée au sol, baignant dans le sang, ils me paraissent incertains.

La vie me quittait petit à petit.

Pourquoi ne l'avait-elle pas déjà fait ?

Je me vide. Je n'ai qu'à penser à quelque chose qui pourrait amenuiser la déchirure de ma peau.

Un souvenir pour me faire oublier cette souffrance indicible. Mon corps était à nu face à la balle qui s'y était logée. Les gargouillis du sang qui éclaboussait sur mes vêtements me berçaient, tout comme le borborygme de ma blessure.

Des voix retentissent. J'ignore qui en sont les propriétaires et ce qu'elles racontent. À quoi bon ? J'allais mourir, de toute façon.

La respiration de mon partenaire n'est plus. Je pense à tout ce que nous avons vécu jusque-là.

Je me concentre sur les bons moments.

J'espère qu'il ne m'oubliera pas dans l'au-delà et que nous prenons bel et bien la même direction. Autrement, tout cela aurait été vain.

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions. Les ténèbres m'engloutissent. La douleur s'évapore petit à petit. Je perds tout contrôle sur mon corps. Chaque membre se déconnecte de mon cerveau, chacun leur tour.

Je me détends.

Encore.

Un peu plus.

Je ferme les yeux.

Et je...

...



La mort me rejette encore.

Je n'avais toujours pas réalisé mes dispositions, m'avait-il dit.

Je n'avais pas réellement envie de mourir, m'avait-il rappelé.

Je l'ai revu, mais il m'a encore renvoyé dans ce monde affreux. Pourquoi ?

Je ne le voulais pas.

— C'est la deuxième fois que l'on se voit.

— Je vais commencer à bien vous connaître.

— Les circonstances étaient-elles délicates à ce point?

— Je voulais juste rester avec lui. Il est où?

Pourquoi...

Pourquoi ne l'avais-je pas vu ?

Avait-il réussi à passer ? Était-il mort ? Et moi, étais-je en vie ? Je refusais de le croire, c'était impossible. Une seconde E.M.I. m'aurait tué.

Ou elle me rendra plus fort.

Mais à quoi bon être plus fort sans lui ?

J'ai mal. J'ai affreusement mal, partout.

J'ai mal...

J'ai mal, putain. Pourquoi ? Pourquoi la douleur est-elle encore présente ?

— Regarde l'électrocardiographe.

— C'est bon, souffla une voix soulagée. On l'a récupéré.

— Le pouls est encore faible, mais il est là. C'est déjà ça.

J'avais envie de leur cracher à la figure. Qu'ils me tuent. Je ne voulais pas être là. Je ne voulais pas...



Un silence de plomb. Combien de temps avais-je dormi ? Deux minutes ? Deux semaines ? Je n'en savais rien. Une brûlure intérieure me poussait à rester éveillé contre ma volonté.

Ilça, pourquoi me faire ça à moi ? Ne vois-tu pas que je veux te rejoindre ?

— D'après le scanner, la balle s'est logée ici, exactement.

— Moins mortel que dans le thorax.

— Il va falloir l'enlever.

— Il a perdu beaucoup trop de sang.

— On en a du sang, c'est pas un problème !

— Il est conscient ?

— Je sais pas.

— Monsieur, vous m'entendez ? Remuez vos doigts si vous m'entendez.

Les phrases s'enchaînaient. Je n'arrivais pas à faire quoi que ce soit. Allaient-ils croire que j'étais inconscient ? Que je ne pouvais pas les entendre ? J'étais trop faible.

— Il répond pas. Qu'est-ce qu'on fait ?

— Faut l'anesthésier au cas où. Il est peut-être sous le choc. Prépare le masque.

Une accélération des battements de mon cœur m'alerta, suivie d'un bip répétitif. Je ne contrôlais plus rien. Mon corps devenait fou. Je devenais fou. Laissez-moi sortir!

Je voulais crever ! Que l'on me plante mille couteaux, ce serait bien plus agréable que de rester ici !

— Respirez, respirez.

Si seulement je pouvais désobéir...

Malheureusement, je succombai de nouveau.



J'ouvris les yeux dans un calme absolu. Je me sentais engourdi, comme si j'avais dormi pendant des siècles. J'étais dans un hôpital. En vie. Je n'avais même plus mal. Pas une âme qui vive ne m'accompagnait. Immobilisé, j'étais seul dans cette pièce renfermée.

Où était Malek ?

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now