Chapitre 27 ✔️

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E N E K O


          J'étais encore sous le choc de ce qui s'était produit quelques instants plus tôt. Ery et Anya, les deux prisonniers respectivement enfermés à droite et à gauche de ma cellule, avaient tenté de m'interroger, mais mon mutisme les avait obligés de me laisser tranquille. La personne derrière moi restait immobile. Depuis mon arrivée, je ne l'avais jamais vue bouger le moindre doigt. Elle pourrait être morte...

La salle s'activa de nouveau au bout d'un certain temps. Toutefois, la réaction était différente. De multiples paires de chausses résonnaient. De longs crissements et chocs retentissaient eux aussi, comme ceux de roues sur le pavé.

Que se passait-il ? Pourquoi les couloirs étaient-ils envahis ? L'anormalité de la chose horrifiait mes colocataires le moins du monde. Quelqu'un me jeta un sandwich carré à la figure.

Bordel, ils distribuent à manger !

Oui, forcément... Morts, nous ne leur serions pas d'une grande aide.

J'empêchai le précieux sésame de toucher le sol et l'engloutis. Mon estomac criait famine et vibrait sous la cacophonie de mes crocs.

J'avais encore faim, mais mon ventre me remercia tout de même pour cet en-cas. Cela me mit d'humeur à répondre aux questions d'Anya, la fille aux yeux fous.

— Si tu veux savoir, c'était pas la salle d'expérience.

— C'est c'que j'avais conclu ouais, vu qu't'es encore là, marmonna-t-elle d'une voix lasse.

— Comment ça, je suis encore là ?

— Eh bien, ceux qui partent à tortureland, soit ils crèvent, soit ils sont emmenés dans une cage plus haut.

Elle leva son index.

— On change d'cage au fur et à mesure, tout ça pour qu'au final, ils choisissent quelqu'un d'la première rangée pour l'emmener.

— La première rangée ? m'inquiétai-je.

— Ouais, les clochards à même le sol, quoi. Nous. L'un d'nous sera l'prochain.

Ma salive se fraya un chemin difficile à travers ma gorge. Je n'arrivais pas à tout mettre au clair.

— Pourquoi... Pourquoi est-ce que je suis encore en bas ?

— Me demande pas, coco. Quand ils ont emmené la meuf qu'était à ta place hier, ils auraient dû faire descendre une des personnes au-dessus d'nous, mais ils t'ont mis toi à la place. Ils ont peut-être hâte de voir c'dont t'es capable.

— Mais ils... Ils t'ont déjà emmené là-bas ?

— Non, et pourtant, ça doit faire un mois que j'attends... avec impatience. J'étais tout en haut, quand je suis arrivée. Et vu qu'j'ai le vertige, j'ai vomi au moins une fois par jour. Douche gratuite.

Je me renfrognais. Le sandwich. Le joli sandwich. Pense à ça au lieu d'imaginer la scène... Certes, ce n'était que du pain de mie, du jambon et du fromage, mais il pouvait remonter aussi vite que mes intestins à mon réveil.

Les minutes, puis les heures passèrent. Je me tortillais dans tous les sens dans l'espoir de trouver une position un minimum confortable, en vain. Quelle horreur. J'en eus des fourmis dans les jambes.

Au bout d'un moment, un claquement métallique me réveilla. C'était le signal. Quelqu'un allait se faire emmener dans la salle d'expérience.

Pense à autre chose, Eneko.

Mes paupières se verrouillèrent, je collai mon dos aux barreaux derrière moi, immobile malgré ma panique.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now