Chapitre 39.3 ✔️

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E N E K O


— Sonja !

Les ruines du champ de bataille reposaient. Il n'y restait plus grand-chose. On avait nettoyé une grande partie des débris afin d'en extraire les victimes, mais la majorité n'avait pas bougé. Après tout, une énorme fosse s'enfonçait dans le sol et s'en occuper était une tâche ardue.

L'ange s'y tenait devant, dos à nous et le regard plongé dans ces décombres. Soghomon se balançait dans sa main et le corps de Malek sans vie reposait près d'elle. Mon cœur loupa un battement et une remontée m'obligea de me dégager de Celes.

— Sonja ! toussai-je. Qu'est-ce que tu fais ?

La concernée se retourna, les larmes aux yeux. Une bonne dizaine de mètres nous séparaient, mais le désespoir qui se lisait dans ces derniers me transperça le cœur. Elle me sourit.

— Je t'avais dit que je trouverais une solution.

— Comment... tu...

J'avançai de quelques pas, mais elle m'ordonna de m'arrêter. Mon regard tentait de fuir le corps inanimé de mon petit ami, mais il y revenait sans cesse. Je ne pouvais pas retenir la douleur qui me submergeait. Je cédai au pois de ma souffrance et écrasai mes genoux au sol. Des larmes de honte et de tristesse humidifièrent mes joues, mais ma tête s'abaissa pour les masquer. Ces dernières glissèrent sur mon visage avant de nourrir la terre aride. Mes organes se plièrent en quatre et mon cœur battait avec amertume. Il ne devrait pas battre.

— Je suis désolée, se lamenta Sonja avec une voix forte, mais brisée. Tu peux pas savoir à quel point je suis désolée de vous avoir menés à ça ! Tout ça, c'est à cause de moi ! Je vous ai menti sans cesse et je vous mens encore, et je veux vous faire croire que ce que je veux faire c'est de l'héroïsme, mais je sais qu'au fond de moi c'est juste de la lâcheté ! De la lâcheté, parce que c'est ce que je suis, je suis lâche...

— Pose cette arme ! ordonna Celes.

— Non, justement, je...

La rousse dégaina subitement un pistolet.

— Pose cette arme !

— Non, Celes !

Mon instinct me poussa à m'élancer vers la guerrière. Je tremblais comme si un blizzard me recouvrait. Non, non, non, ne la tue pas...

— Eneko, je n'ai pas le choix, je...

— Il y a toujours le choix !

Sonja releva doucement le visage tandis que j'immobilisai Celes comme je le pouvais. Mon désespoir l'empêchait de se défendre et son pistolet tomba de ses mains.

Un « je suis désolée » inaudible se glissa hors de la bouche de notre ancienne guide. Incertaine, elle brandit l'épée à deux lames vers le ciel morose. Je me retrouvai paralysé, incapable de bouger le moindre doigt face à cette femme qui nous avait accompagnés depuis notre E.M.I., qui nous avait introduits à ce monde loufoque et dangereux. Elle nous avait permis à Malek et moi de nous connaître et nous avait tant aidés. Aujourd'hui... elle voulait tout simplement que nous soyons réunis.

— Tu as encore fait la même erreur, m'accusa-t-elle. Et tu as emmené Malek dans ta chute... mais tu n'as pas le droit. Les souvenirs, que ce sont les bons comme les mauvais...

Ses paupières se refermèrent. Une des lames de l'épée s'enfonça dans sa poitrine. Un grognement interrompit son discours.

— Sonja ! m'élançai-je.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now