Chapitre 21 ✔️

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E N E K O


          L'amour.

Lorsque la personne transforme votre existence, bouleverse votre monde. Lorsque lui plaire devient une maladie, la faire sourire un devoir, la protéger une promesse éternelle.

Lorsqu'on la regarde toujours, qu'elle nous obsède, qu'on tremble quand on la frôle, qu'on sourit à son sourire, qu'on rit à son rire. Lorsque le ventre se sert en la voyant avec quelqu'un d'autre, qu'on a les mains moites...

Voilà comment résumer ma vision de Malek. Notre baiser n'avait guère arrangé les choses.

Sonja devait me retrouver à l'Angélique pour me prêter un chargeur et parler de notre plan. Adossé à la devanture en plexiglas, mon regard se perdit entre les gigantesques immeubles qui m'emprisonnaient. Après l'attaque d'hier, je ne pouvais plus rester chez Malek. Que faisait-il ? J'avais une nouvelle fois dormi à la belle étoile. Les nuits se rafraîchissaient. Il ne manquait plus que j'attrape un rhume. De plus, l'argent me faisait défaut. Fuguer sur un coup de tête n'avait pas été ma meilleure idée, mais le principal était sa santé. Hier, j'étais parti sous une ambiance pour le moins chaotique...

Je n'osais plus lui envoyer de messages. Chacun de mes songes me ramenait à mon abandon, emporté par mes désirs et mes émotions — cet instant de grâce durant lequel j'avais fait le premier pas pour la première fois de ma vie. Malek n'avait pas bougé. J'avais cru qu'il était d'accord. Il avait peut-être besoin de temps, alors autant ne pas perdre le mien.

Je soupirai. Les rues murmuraient, le soleil resplendissait.

Je ne pouvais même pas admirer le ciel sans que son visage m'apparaisse. Savoir que nous vivions sous le même me mettait du baume au cœur. Je pouvais enfin me considérer comme heureux de quelque chose dans ce monde.

Je ne le connaissais que depuis quelques semaines, mais cela me suffisait. Depuis tout ce temps, mon regard ne l'avait pas quitté une seule fois, mon cœur n'avait cessé de s'emballer — maintenant pour d'autres raisons. Sa personnalité et son histoire me passionnaient.

Je n'avais pas besoin de décennies pour vouloir profiter de ma vie.

Sonja arriva. Autour d'un café, nous retraçâmes les événements de cette nuit du huit septembre.

— Bon, c'est la merde, annonça-t-elle comme si je l'ignorais. L'Helhest, la Mara... Ce seront pas les seuls qui voudront vous courser. Vous avez eu de la chance jusque-là, mais...

— Tu paries pas gros sur nos chances de survie, quoi.

— Non, c'est pas ce que je voulais dire, mais Aversion... Aversion invoque beaucoup de démons qui n'ont pas leur place ici.

— Du coup ? On est censés faire quoi ? Attendre que la mort vienne enfin nous chercher ?

— Non. Il y a un moyen de les fuir, mais il faut maîtriser les niveaux qui forment notre monde. T'en as trois.

Elle m'expliqua en détail comment ces derniers fonctionnaient afin d'approfondir mes connaissances. Je comprenais cela ainsi : la réalité était composée de trois couches superposées.

Ce qu'elle appelait la vie Animale : la nôtre, celle du matériel, des humains, de tous les jours.

La vie Spectrale : celle, comme son nom l'indique, des spectres. Les âmes défuntes qui se baladaient, mais aussi celles séparées de leur corps par décorporation, comme lors d'une E.M.I., ou par dématérialisation, comme elle nous l'avait appris.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now