Chapitre 35.1 ✔️

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M A L E K

          « Lorsque le cœur cesse de battre,

C'est l'âme qui combat alors

Il faut donner à la vie l'or,

Comprendre qu'il faut se débattre.

Le cadeau en est des plus beaux :

Un sort gai, une bienfaisance ;

Pour oublier la malfaisance ;

La mort : craint et voulu tombeau.

Une finitude, mécréants,

Qui rattrapera tous et tout.

Comment fuir l'acre malgré tout ?

Comment chasser l'aigre néant ?

Je veux prospérer, volonté !

Où as-tu placé ta cachette ?

Ouïe et déterre ce squelette,

Dans l'ombre depuis tant d'étés.

Car tu es notre seul espoir,

Et tu demandes un être heureux.

Une joie qui, être amoureux,

Ôte les marques du miroir.

L'amour transcende l'espace-temps,

Conclut la vie, abat la mort.

Sans toi, je n'ai plus de trésors,

Sans ça, l'inconnu prend son temps.

Et il me comprend. »

Je déglutis. Ce poème puait la mort, littéralement. Je ne savais plus écrire... Ça ne servait à rien. Que m'étais-je imaginé ? Qu'en écrivant ma confusion et mes dilemmes, quelque chose se passerait ? Bordel.

Mon cœur s'était alourdi ces derniers jours, alors je posais mes pensées sur papiers, comme j'en avais eu l'habitude avant tout ça. Survivre m'était apparu comme une claque, une chance de propager mon bonheur, mais aujourd'hui, il m'entraînait dans une descente en enfer. Vingt heures et quelques étaient passées depuis la dernière attaque et j'avais la haine. La flamme qui m'animait en était une de pure colère — ces démons ne nous lâcheraient jamais.

Pour le moment, ils nous avaient accordé une pause. On avait pu revenir en sécurité chez Celes. Elle avait tenté de raffermir les protections de l'appartement, mais à quoi bon ? Ces bâtards trouveraient un moyen de les transpercer.

J'avais l'impression d'être au bord d'un précipice. Si je laissais mon corps pencher de quelques centimètres, il basculerait dans un puits de pensées sombres, un tourbillon morbide. Seule la main d'Eneko m'empêchait de tomber dans cet enfer, alors je lui tenais — enfin, je lui broyais, sous un silence lourd. Ce malin s'amusait à lire ce que j'écrivais. Dans ce petit espace, difficile de lui cacher. Sans surprise, il me complimentait, mais j'ignorais s'il était sincère ou s'il ne voulait pas me blesser.

Celes se posa.

— C'est pour cela que je ne m'occupe pas à décorer ce taudis. Impossible qu'il reste en place plus d'une semaine. Heureusement que j'ai le QG... que j'avais le QG pour libérer ma créativité.

Le manque de réponses me força à prendre le relais.

— Tu... T'aurais fait quoi comme métier, si t'étais pas... si t'avais pas cette vie ?

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now