Chapitre 12.1 ✔️

485 74 26
                                    

E N E K O


          Indistinct de l'horizon, le ciel pesait sur mes épaules. Des ténèbres griffonnées s'engouffraient entre chaque objet, chaque recoin.

— Eneko ?

Comment... ? Quelqu'un m'interpellait. Mon cerveau façonnait-il cela ? Non... pas besoin de me relever. Je laissai cette voix masculine flotter au gré du vent.

Hélas, elle récidiva, et cette fois, ma curiosité s'éveilla. Que me voulait-elle ? Dès qu'elle s'élevait, le monde tremblait, ma sérénité s'effondrait — si seulement elle pouvait m'appeler par autre chose que « mec » !

— T'es en train de rêver ?

Mais pour qui se prenait-il, à la fin ? Moi, en train de rêver ?

Attends...

Pourquoi n'en étais-je pas sûr ? Non. Bien sûr que non, je ne rêvais pas, impossible — j'étais allongé ici et...

Mes pupilles se soulevèrent vers le ciel assombri, plus brumeux que d'habitude, barbouillé. Sa volupté effleurait la pointe de mes doigts. Des particules bleutées et violettes parsemaient cette aquarelle.

Les battements de mon cœur s'alourdirent. Je bondis sur mes deux pieds, mais ma tête retomba, faute de la gravité — sans atterrir par terre. Le monde se voilait, rien ne s'harmonisait. Je... voltigeais ?

— Tu rêves, ou pas ?

Je virevoltai et rencontrai Malek. Son visage, bien que sombre et indistinct, restait reconnaissable grâce à sa forme diamantée, qui me rappelait à quel point je le convoitais. Rêvais-je, ou les anges se retrouvaient-ils souvent dans un lieu inconnu à même le sol ?

— Je ne sais pas.

— T'es sûr ? T'as regardé tes pieds ?

— Oui, et ça m'aide pas trop ! Je crois que c'est possible d'être conscient dans un rêve, mais...

— Ça t'est jamais arrivé avant ?

Je balayai les alentours du regard. Peu d'entités nettes se distinguaient, hormis la maison derrière moi. Malek et la flamme qui dansait dans sa poitrine se cachaient sous un filtre flou qui épousait mon champ de vision. Parfois, ils papillotaient dans un univers pourpre. Que faisait-il là ? Pourquoi rêvais-je de lui ? Même hors de la réalité, il m'obsédait, j'en avais marre ! À croire que lui et sa personnalité fauve me suivaient partout. Cette chaleur, cette sensation, avait-elle été provoquée par notre flamme et uniquement notre flamme ? Non...

Par-delà cette histoire rocambolesque, Malek me plaisait, j'en étais sûr.

— Non non, tu... tu es réel ?

— Bah, oui.

Je n'arrivais pas à discerner son expression, mais son ton moqueur sous-entendait que la réponse était évidente. Il n'avait pas bien réalisé l'ampleur de la situation.

— Viens ! tenta-t-il.

Il déguerpit de la propriété et je lui emboîtai le pas, direction le portail qui s'ouvrait sur le néant. Je courais... de ma propre volonté, et à vitesse normale ! Les chaînes des rêves ne me contrôlaient pas ! Alors... en était-ce un ? Ah ! Qu'importe ? Je faisais ce que je voulais ! Nous franchîmes la barrière qui emprisonnait les ténèbres et nous y engloutîmes.

Le monde disparut et mes pieds se dérobèrent dans une chute infinie.

À mon réveil, ma tête explosa.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtWhere stories live. Discover now