Chapitre 25.1 ✔️

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E N E K O


          Mes poings refusaient de lâcher les barreaux de ma cellule, mais le tourbillon de la mort m'aspirait. Plus précisément, le monstre qu'était Anaël m'arrachait des griffes de ma prison, sans doute pour m'emmener vers une salle de torture. Je hurlai à pleins poumons — ma seule défense. La vision d'horreur de ses orbites creuses, le sang dégoulinant, la lueur rouge, son sourire difforme... rien de tout cela n'allait me quitter.

Je beuglais sans m'arrêter. Mon cœur palpitait jusqu'à menacer ma cage thoracique. Le monde vibrait, s'écroulait ; je vivais un tremblement de terre atroce.

Ma main lâcha le barreau. Anaël me traînait vers ma mort. Mon torse se frottait au sol, mon crâne cognait le pavé. Mes doigts ne s'y accrochaient pas.

Les larmes coulaient sans que je puisse les contrôler, mes pensées confuses me redirigeaient vers ma mère, Malek, tous les gens que je connaissais, que je les aime ou non. Ma respiration lourde s'affolait et une douleur piquante m'embrasait, comme si elle me râpait la peau. Plus je m'éloignai de ma cage, plus j'avais mal — mais pleurer ne m'apporterait rien.

Un démon prit le contrôle de mon âme.

Je me débattis avec hargne. Mes pieds se propulsèrent vers mon ravisseur, jusqu'à ce que je me souvienne que je n'en avais qu'un, et qu'il l'empoignait tellement fort qu'il pourrait me le broyer. Mon corps luttait toujours contre le sol, mon haut m'échappait et mon visage se crispait sous cette souffrance. Cela ne servait à rien. Je ne pouvais pas l'atteindre.

— Anaël !

Seul un rugissement rauque me répondit. Je ne le voyais pas. De la transpiration cascadait sur mon dos. J'étais impuissant.

— Arrête de gesticuler comme un vulgaire rat, reprit-il enfin sa voix normale. Tu vaux mieux que ça.

— Quoi ?

Où avait-il acquis cette force ? Lui qui succomberait au poids d'une mouche, d'habitude !

Je relevai les yeux pour analyser les alentours. Un haut-le-cœur me frappa, aggravé par poussière que je respirais — des dizaines de cellules étaient empilées les unes sur les autres. Je peinais à discerner le plafond. Combien d'anges étaient-ils enfermés ici ? Et surtout... comment ? Cette prison était-elle cachée dans la forêt ?

Je perdis les captifs de vue lorsque le sol se lissa. Je me retrouvai dans une seconde pièce tout aussi sombre et macabre.

Mon pied et mon genou frappèrent le béton et mon corps vibra sous le choc. Des bruits de pas s'éloignèrent — le garçon s'en allait. Il me laissait seul dans cette gigantesque salle vide. Je voulus me relever, mais mes bras s'emmêlaient comme des spaghettis. Mon moignon saignait. La boule au ventre, je ne pouvais que ramper et tomber incessamment, pleurer sur mon sort.

Anaël réapparut sous un long crissement et un vacarme métallique, signe qu'il venait de fermer la porte. Ma prothèse roula à terre et atterrit devant moi.

Tout pour garder mon attention loin de ce monstre.

— Regarde-moi, Eneko.

— Jamais, pantelai-je.

— Regarde-moi, je ne veux pas te faire de mal.

Je refusai de nouveau. Il avait brisé la confiance que je lui portais en m'emmenant ici, alors qu'il aille se faire foutre. À quel objectif tendait-il ? Planifiait-il cela depuis le début ?

— Regarde-moi !

La puissance soudaine de sa voix m'électrisa. Un sifflement, comme celui d'un serpent, me menaçait. Je n'osais pas tourner le regard, mais des filaments sombres s'enroulaient autour de mes membres.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant