Chapitre 11

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"Oui, il y a une loi contre toutes relations... inter-espèces, non ? demandé-je en grinçant des dents

- Non, aucunes contre les humains. C'est notre ami qui t'a dit ça ?

- Bah... oui. Comment tu sais que j'ai vu un homme dans l'ascenseur ?

- Et bien... Comme tu ne contrôles pas le lien de la meute qui nous unies, tout le monde peut voir ta vision.

- Quoi !?"

    Alors, ça veut dire que... Qu'ils ont vu ce qu'il s'est passé dans la ruelle sombre et humide ? Et merde. Mais alors, pourquoi a-t-elle relevé que le baise-main de l'humain ?

"Ne t'inquiète pas, il n'y avait rien de croustillant à part ça ! Et puis, seuls les voyeurs, comme-moi, veulent voir ce que font les autres. confie-t-elle, un grand sourire aux lèvres, fière

- Comment fait-on pour contrôler le lien de la meute pour avoir un peu d'intimité ?

- Ton loup le fermera instinctivement lorsqu'il prend de l'âge. Mais tu peux l'ouvrir de ton côté.

- Tu me diras quand tu ne verras plus ma vie ? la questionné-je en étant gênée

- Oui, ne t'inquiète pas !" rit-elle en hochant la tête vigoureusement

    Je souris, encore un peu mal-à-l'aise. Je passe ma main dans mes cheveux raides et les vire derrière mes oreilles. Il faut vraiment que j'oublie ce maudit toc. Alors en quelques gestes, je me fais une queue haute grâce à un élastique à mon poignet. Je vois Jo s'arracher ses cheveux et faire les gros yeux. Surprise, j'ai un mouvement de recule lorsqu'elle se lève, comme brûlée aux fesses, pour m'ôter le maigre travail que je viens de faire.

    Elle grommelle, disant que je manque de classe, en me recoiffant "correctement", dit-elle. Franchement, on est obligées d'être belles à tout bout de champ ? Elle croit vraiment que Niko, le seul mec dans les environs et susceptible de me voir, en a quelque chose à foutre de mes cheveux ? Sûre que non, en tout cas.

    En me lamentant et en soufflant, je croise les bras en sentant mon cuir chevelu se décrocher de mon crâne, façon de parler. Elle me les tire en arrière avec une brosse épaisse et me les plaque. Elle laisse quelques mèches virevolter, encadrant mon visage poupin et me donnant une allure plus... stricte. Lorsqu'un miroir apparaît devant mes yeux, je crois voir ma mère. Ses yeux bleus azur et son visage pâle entouré par des longs fils d'or se reflète dans la glace. Seules ses lunettes ne sont pas présentes car elles prennent la poussière sur le guéridon de ma chambre, ne servant plus.

    En maudissant les larmes qui veulent couler, je remercie Joséphine doucement. Je crois qu'elle comprend ce qui se passe dans ma tête. Elle me caresse gentiment l'épaule et le haut du dos avant de quitter la chambre, me laissant seule. Je pose mes avant-bras sur mes cuisses et repose ma tête au creux de mes mains. Je me remémore tous les moments avec ma mère.

    Ah ! La fois où nous avions un rendez-vous dans un nouveau cabinet médical, pour ma maladie. Maman a demandé où était la salle d'attente car nous avions plusieurs minutes à tuer. La dame, gentille, nous répondit que nous y étions déjà, un sourire rieur à ses lèves. En effet, il y avait des chaises partout. Ma mère, Hanna, s'est trouvée si gênée quand tout le monde a étouffé leurs rires. Mais nous avons fini par s'en amuser.

    C'est vrai, ce n'est pas la meilleure anecdote de la Terre mais, pour nous, c'était si rare ! Nous vivions toujours dans la crainte de la mort, comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

    Alors que j'étais complètement dans mes pensées, pareille à une droguée à la nostalgie, je sursaute et attrape la main qui vient de me toucher la clavicule. Je la tords sans vraiment faire exprès et seul un cri étouffé me répond. Je le lâche en me levant ainsi qu'en m'excusant en voyant l'Oméga se masser le poignet.

Différente : Déréliction [Fin]Where stories live. Discover now