Chapitre 17

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Il semble que je sois réveillée. Je peux apercevoir la forêt. Les arbres ont une drôle de couleur ocre rouge. Nous ne sommes cependant pas en automne. Je m'approche de la vitre. L'une d'elles est ouverte. Elle semble m'appeler. Oubliant ma nudité, je me penche vers celle-ci. Le feuillage que j'ai cru voir sous un soleil d'automne n'est maintenant plus le même. Les feuilles semblent être recouvertes d'une pellicule rougeâtre, comme du sang.

Je plisse le nez, ne voulant pas croire que ce soit cela. Mon regard vient encercler la clairière qui entoure le château. En dessous de ma fenêtre, se trouve une silhouette que je peine à voir. Ma vision n'est pas aussi affûtée qu'à la normale. Je désire le voir mais je ne peux pas. Je reste là, à le regarder jusqu'à ce que le Soleil se déplace dans le ciel à une vitesse impressionnante. Sa lumière recouvre le visage de l'homme qui me regarde. Mon ventre se sert de lui-même quand je vois Niko. Du sang perle de ses yeux, de son nez ainsi que de sa bouche. Je m'accroche au cadre de la vitre, estomaquée. Son corps tombe d'un coup vers l'arrière. Je cache mon expression glacée de mes mains. Des larmes anormalement froides viennent diviser mon visage.

"Tu es... métamorphe... pareille..."

Je me fige à l'entente de ces mots. Non, je ne suis pas une métamorphe, ils sont morts ! Je regarde autour de moi, cherchant l'origine de cette voix masculine. J'ai déjà eu connaissance de ces mots, mais où ? Ne trouvant pas, je reviens à ma fenêtre. Il n'est plus là. Niko a disparu.

Reculant de quelques pas, je me dis que c'est impossible. J'essaie d'ouvrir la porte mais elle me semble fermée. Comment peut-elle être fermée ? Il n'y a aucuns verrous ! Rassemblant ma force de morphe, je brise la porte d'un coup de pied. Je me faufile à travers le trou, écorchant ma peau nue à différents endroits par le bois effrité. Ne cachant pas mon corps, je me lance à corps perdu dans les escaliers. Je fonce à travers le long couloir à pieds nus. Je n'entends rien au-delà des portes closes. La lumière automatique clignote comme-ci on jouait avec le détecteur de cette dernière. Sautant presque les dernières marches, je me retrouve dans la pièce à vivre. C'est étrangement calme.

La porte d'entrée est ouverte. De là, je peux voir les arbres sanglants et ce Soleil si présent. Voyant cet astre qui m'attire, je marche lentement vers la sortie. Je passe cette porte et dévale les quelques marches, les yeux scotchés à Sola, la déesse des métamorphes.

"Tu es... métamorphe... unique et seule..."

La voix reprend, ce qui me fait perdre la tête. Je regarde partout, cherchant, priant de trouver l'homme qui souffle cette phrase. Tournant sur moi-même, je me dis que cette fois, elle était différente de la première. Si je crois bien, je serai pareille que celui qui me parle. Mais là, soit j'ai changé, soit il a changé. N'ayant rien senti, je penche pour la deuxième proposition. J'ai tout de même l'impression que mon cerveau tourne au ralenti. Pourtant, je crois être sûre que je ne rêve pas.

Je regarde en direction de la tour dans laquelle je vis mais je ne vois pas Niko. Je reprends donc mon attention vers l'astre brûlant que j'aime tant. Malheureusement, il n'est plus dans le ciel. Il fait encore jour pourtant. Je regarde mes pieds. Les galets blancs semblent baigner dans un liquide drôlement visqueux. Je me doute que c'est encore une fois du sang. Cette vision de couleur foncée prend de plus en plus de place à mes yeux. En effet, le sol semble s'enfoncer dans une mare de sang. Je me recule, horrifiée, vers les marches de l'entrée. Cette fois, je suis sûre que c'est un rêve. Ça me rassure un peu.

Alors que le liquide m'arrive à mi-mollet, j'arrive aux marches. Sauf que celles-ci sont hautes de plusieurs mètres. J'essaie d'attraper le bord mais même en sautant je ne fais rien, à part enfoncer encore plus le sol. Je me retourne vers le ciel et aperçois une sorte de spirale noire en fumée, prenant la propre place du Soleil. Cette chose monstrueuse semble aspirer tous ce qu'il se trouve sur son passage.

Différente : Déréliction [Fin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant